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lution de la chambre ? La question reste douteuse jusqu’à présent. Il a semblé, pendant une partie de la discussion, que le ministère serait battu par une forte majorité ; les chances du cabinet ont ensuite paru s’améliorer. Le sentiment qui semble dominer dans la chambre, c’est que la question de la réforme soit résolue cette année ; comme une crise ministérielle compromettrait ou ajournerait indéfiniment cette solution, il ne serait pas impossible que le ministère sortît vainqueur de l’épreuve. Lord Palmerston s’est fait l’organe ironique du sentiment de la chambre en invitant le ministère à rester au pouvoir sans dissoudre le parlement et à accepter avec docilité les amendemens qu’il plairait à la chambre de faire subir au bill. Le gouvernement, par la bouche de M. Whiteside, attorney-général, et de sir John Packington, a repoussé avec fierté cet injurieux conseil, et, nous le répétons, il n’est point invraisemblable que sa fermeté ne lui porte bonheur.

Au milieu de toutes les affaires qui s’agitent en Europe, qu’est devenue une question qui a certes enflammé bien des passions au-delà du Rhin, qui implique même d’assez grands intérêts, mais qui heureusement a duré assez longtemps pour pouvoir durer encore sans aboutir à un conflit ? Nous voulons parler du laborieux différend entre le Danemark et l’Allemagne au sujet de la situation du Holstein. Le cabinet de Copenhague, cédant à la pression des pouvoirs allemands, a de nouveau appelé en consultation les états provinciaux du Holstein. Cette session des états holsteinois a commencé le 4 janvier, elle vient de finir, et elle ne laisse pas d’être digne d’attention, ne fût-ce que comme spécimen des inextricables difficultés que soulève cette question. Il est bien certain d’abord que ce n’est ni par l’esprit de conciliation ni par le libéralisme qu’a brillé cette session. Une multitude de propositions et de pétitions ont été adressées aux états. Le gouvernement demandait l’abolition de pénalités vieillies et devenues inapplicables, l’admission d’administrateurs laïques dans la distribution des dons de charité ; il proposait d’enlever aux pasteurs de diverses contrées du Holstein le droit de rédiger les testamens. Les particuliers à leur tour ont adressé nombre de pétitions aux états. Les catholiques du Holstein réclamaient la liberté du culte, les Juifs sollicitaient non-seulement la même liberté en leur faveur, mais encore le simple droit de bourgeoisie, dont ils ne jouissent pas, leur condition étant demeurée exceptionnelle dans le pays. On demandait aussi des améliorations d’un ordre matériel, une répartition plus équitable des impôts. Il faut bien le dire, toutes ces propositions et ces pétitions, si sensées, si modérées qu’elles fussent, choquaient l’esprit et les intérêts de l’aristocratie et du clergé holsteinois, et ont été repoussées comme des innor vations dangereuses. A tout prendre, ce ne sont là encore que des épisodes uniquement propres à mettre en lumière les tendances de cette assemblée, dont une raison politique d’un autre ordre avait déterminé la réunion.

Le motif réel de la convocation des états provinciaux du Holstein en session extraordinaire, le sujet principal de leurs délibérations, c’est la position constitutionnelle du duché dans la monarchie danoise. On l’a sans doute oublié, et nous ne faisons que le rappeler : le Danemark était engagé, il y a quelques mois à peine, dans une sorte de conflit diplomatique avec la diète de Francfort au sujet de la position du Holstein. On exigeait avant tout du