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LE COMTE MIOT
ET SES MÉMOIRES
SUR L’EMPEREUR NAPOLÉON ET LE ROI JOSEPH

Mémoires du comte Miot de Melito, ancien ministre, ambassadeur, conseiller d’état, 3 vol. in-8o; Michel Lévy, 1858.




I.

Les mémoires les plus instructifs, les plus précieux pour l’histoire ne sont peut-être pas ceux qui ont été écrits par les personnages placés dans les positions les plus élevées ou par des hommes de génie. De tels mémoires peuvent sans doute avoir en eux-mêmes une très grande valeur, on peut s’attendre à y trouver des pensées profondes et originales, des révélations curieuses et involontaires sur le caractère des hommes illustres auxquels on les doit; mais au point de vue de l’exactitude des informations, il y a beaucoup à s’en défier. Lors même que ceux qui les écrivent auraient la volonté d’être sincères, lors même qu’en prenant la plume ils ne se seraient pas proposé, ce qui est le cas le plus ordinaire, de faire l’apologie de leurs erreurs et de leurs fautes, de présenter les événemens sous le jour le plus favorable pour eux, il est presque impossible qu’ils ne s’y laissent pas plus ou moins entraîner. Ils sont trop intéressés dans les faits qu’ils racontent, leur gloire, quelquefois leur honneur y sont trop identifiés pour qu’ils puissent les apprécier et en rechercher les causes avec une véritable impartialité. Leur élévation