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LA
NATIONALITÉ ROUMAINE
D’APRES
LES CHANTS POPULAIRES

Ballades de la Roumanie, recueillies (Iassy, première et deuxième parties, 1852 et 1853) et traduites (Paris 1855) par Basile Alexandri.



Depuis le commencement du siècle, la nation roumaine est, avec la nation grecque, celle qui dans l’Europe orientale a manifesté sa pensée sous les formes les plus diverses. Une telle renaissance est un fait bien digne de préoccuper quiconque s’intéresse au développement intellectuel des nations néo-latines; mais ici une première question se présente. Cette renaissance de la poésie roumaine n’avait-elle pas été précédée par des essais vraiment originaux de poètes inconnus qui conservèrent dans l’âme des multitudes un sentiment très vif de la nationalité et l’espoir légitime de la voir triompher des obstacles de toute espèce qui paralysaient son réveil? Chez les Hellènes, la grande insurrection nationale de 1814 n’a été sauvée que par le dévouement généreusement obstiné de la foule[1]: en Servie, les pâtres intrépides qui s’étaient levés avec Tserni-George se gardèrent bien d’approuver les concessions périlleuses auxquelles se laissaient aller leurs chefs, La poésie nationale avait ainsi préparé d’une part et de l’autre un noble élan. Les Roumains ont-ils été moins heureux que les Grecs et les Serbes? Répondre à cette ques-

  1. Voyez la Revue du 1er mars 1858.