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LE
THEATRE CONTEMPORAIN
ET LES
COMEDIES DE M. BARRIERE

Les Filles de Marbre. — Les Faux Bonshommes. — Les Parisiens. — Les Fausses Bonnes Femmes. — L’Héritage de M. Plumet. — Cendrillon, drames et comédies, par M. Théodore Barrière, 1852-1858.



On nous a reproché plusieurs fois de ne pas nous occuper assez fréquemment du théâtre. Nous acceptons le reproche, et nous n’essaierons pas d’y répondre autrement qu’en disant que notre négligence est volontaire. Le théâtre est devenu de nos jours une puissance tyrannique et exclusive, pleine de caprices absolus et de prétentions injustifiables : elle a réduit la critique en servage, et l’absorbe entièrement à son profit à l’exclusion des autres branches de la littérature. Historiens, poètes, philosophes, romanciers doivent attendre pendant des mois et des années qu’on veuille bien les présenter devant le public. Au contraire, un théâtre exhibe-t-il un méchant mélodrame ou un équivoque vaudeville, aussitôt tous les critiques taillent leurs plumes pour informer l’univers de l’apparition de ces tristes météores. La critique des livres se fait capricieusement, irrégulièrement ; mais chaque lundi ramène régulièrement une nouvelle semaine et un nouveau feuilleton théâtral. Or, je le demande, est-ce l’importance littéraire du théâtre contemporain qui justifie une pareille servitude? Non, et au fond les intérêts de