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goutter convenablement. Si même ce terme était un peu dépassé en terminant la cuite, une portion du sirop pourrait être caramélisée ; il en résulterait une coloration brune du sucre obtenu, et qui en diminuerait beaucoup la valeur commerciale, en même temps que la quantité amoindrie du sucre cristallisable présenterait une deuxième cause de perte. Durant tout le cours de l’évaporation des jus et de la concentration des sirops, surtout lors des transvasemens d’une chaudière dans l’autre, de semblables accidens d’altération du sucre par des coups de feu sont à craindre. C’est à l’effet d’éviter ces causes de graves préjudices que beaucoup de colons, dépourvus de capitaux suffisans pour monter des appareils plus parfaits à l’instar des sucreries indigènes, ont adopté pour la concentration des sirops les appareils rotatifs de Bour et de Wetzel. Le système de ces ingénieux appareils, d’une construction assez simple et faciles à réparer, est emprunté lui-même au principe appliqué pour la première fois en France par M. Chaussenot.

Cet habile ingénieur, auquel l’industrie manufacturière est redevable de plusieurs inventions utiles, avait imaginé, pour la concentration des sirops de dextrine, de chauffer et d’agiter à la fois le liquide mucilagineux, d’où la vapeur avait peine à s’échapper. Il parvint à résoudre le problème qu’il s’était posé par un moyen bien simple : dans une chaudière demi-cylindrique à double fond, il faisait circuler de la vapeur échauffant le sirop, et en outre il agitait ce liquide à l’aide d’un tube serpentin couché horizontalement, tournant sur son axe creux en même temps qu’il recevait par un bout de la vapeur qui sortait condensée en eau à l’autre bout. On voit clairement qu’ici l’invention consiste à faciliter l’évaporation sur une plus grande surface, en mettant en mouvement le liquide par un agitateur mécanique, qui lui-même fournit une source continuelle de chaleur.

Les deux appareils usités aux colonies offrent la réalisation de la même idée, seulement par des dispositions un peu différentes. L’un, celui de M. Wetzel, consiste en une chaudière à double fond, chauffée par la vapeur, et dans laquelle tourne continuellement un agitateur formé de deux disques lenticulaires creux, à chaque bout de la chaudière, communiquant entre eux par des tubes horizontaux nombreux. Cet ensemble des disques et tubes reçoit par un axe également creux la vapeur qui concourt au chauffage du sirop, pendant que l’agitation du liquide renouvelle et multiplie les surfaces en contact avec l’air ambiant. — On reconnaîtra sans peine des dispositions analogues dans l’appareil Bour, car il se compose, comme les deux précédons, d’une chaudière demi-cylindrique à double fond, dans laquelle tourne un agitateur formé d’un axe creux, trans-