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ALCIDE D’ORBIGNY
SES VOYAGES ET SES TRAVAUX



Les sciences naturelles prennent dans notre siècle un développement dont sont frappés tous les esprits philosophiques. L’horizon qu’elles dominent s’étend chaque jour sous la double influence de la géographie et de la géologie. Pour juger les races humaines, les animaux, les plantes, les phénomènes du monde physique, nous ne sommes plus confinés dans les champs étroits de l’Europe ; grâce aux travaux des voyageurs, nous embrassons une vaste partie du monde. Nous obtenons par la géologie des résultats plus admirables encore, nous remontons au-delà des temps où l’homme fut créé. Nous ne connaissons plus seulement les êtres qui furent nos contemporains, nous trouvons dans les couches du globe les dépouilles d’un nombre illimité de plantes et d’animaux : une branche spéciale de la géologie a pour objet l’étude de ces débris fossiles, c’est la paléontologie.

Le naturaliste dont nous allons raconter les travaux a concilié l’étude de ces deux sciences. Ce n’est point par un effet du hasard qu’Alcide d’Orbigny a été à la fois voyageur et paléontologiste. Le commencement de sa carrière fut consacré à de longues explorations dans l’Amérique du Sud. Dans aucune partie du monde, les montagnes, les plaines, les fleuves, les forêts ne sont plus largement dessinés. En présence des grandes scènes de la nature, d’Orbigny sentit son esprit s’élever; à son retour dans notre pays, les horizons lui semblèrent rétrécis. Habitué sur un sol vierge à des découvertes journalières, il ne vit plus assez de nouveautés parmi les animaux