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les officiers chargés d’organiser cette expédition à la fois de terre et de mer, et de lui donner toute la précision militaire. Il fallut se livrer à beaucoup d’essais et de tâtonnemens avant d’en venir à formuler avec la netteté et la vigueur nécessaires les ordres et les règlemens qui ont servi de base à la partie matérielle d’une aussi grande opération. Peut-être sans y penser nos officiers jetaient-ils là les fondemens de tout un nouveau système de guerre, système qui avait pu déjà être entrevu, mais qui pour la première fois revêtait une forme pratique. On sait maintenant ce que chaque espèce de navires peut porter de soldats, de chevaux, de canons, de vivres; on sait en combien de temps tout cela peut être embarqué et débarqué ; on sait combien d’hommes peuvent être mis en même temps à terre. On a enfin des données exactes et positives sur ce que permet de faire à une nation l’alliance de ses forces de terre et de mer, et sur la portée des coups que cet assemblage peut frapper. Mais n’anticipons pas.

D’après les états qui ont été publiés et que nous avons lieu de croire exacts, la flotte française à son départ de Baltchick pour la Crimée se composait de :

15 vaisseaux de ligne à voiles ou à vapeur;
25 frégates ou corvettes à vapeur;
5 frégates à voiles ou transports;
3 vapeurs de commerce;
49 navires marchands à voiles.

Cette flotte avait été distribuée de manière à ce qu’elle pût se mouvoir tout entière à la vapeur, les bâtimens pourvus de machines remorquant ceux qui n’avaient que leurs voiles. Quelques navires de commerce chargés pour l’intendance devaient seuls naviguer à la voile et isolément, de manière à ne pas retarder l’armée; mais leur présence immédiate sur le lieu du débarquement n’était pas indispensable.

Cette flotte portait :

29,000 soldats français ;
68 bouches à feu de campagne;
2,900 chevaux ou mulets.

Nous enregistrons ici ces chiffres; ils nous serviront plus tard pour rechercher ce que la France pourrait faire le jour où elle aurait besoin de développer toutes ses ressources.

A côté de l’armée française, les Anglais transportaient :

28,000 hommes,
74 bouches à feu,


et un nombre de chevaux supérieur au nôtre, puisqu’ils emmenaient