Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 19.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une des séances de Berlin semblent prouver que la société comprend qu’une alliance libre est possible entré la science et la foi, entre la philosophie et la religion. Il est douteux que l’on se relâche des précautions prises expressément contre ceux que l’on confond sous le nom d’unitairiens. N’y aurait-il pas cependant à faire quelque distinction dans leurs rangs ? Il existe une opinion qui soutient, à l’honneur du christianisme, qu’il a, par la grâce divine, été la plus puissante et la plus populaire révélation des plus grandes et des plus pures vérités religieuses, et que son auguste fondateur a été ainsi le sauveur de l’humanité. Ce peut être là le pur socinianisme, et l’on conçoit qu’un dogmatisme plus strictement fidèle au texte de l’Écriture, plus pénétré du caractère surnaturel de celui qui parle dans le Nouveau Testament, se tienne soigneusement à distance de cette opinion plus philosophique qu’évangélique, bien que nous ayons vu le temps où des églises très croyantes accueillaient avec beaucoup de reconnaissance une doctrine qui les relevait au moins des dérisions d’une autre époque. Mais en présence de ce christianisme rationaliste qui ne voit rien en ce monde de surnaturel que la Providence, il existe un autre unitairianisme, dont il est plus facile de proscrire le nom que la chose, si l’on ne veut dépeupler bien des églises.


« Nous croyons fermement, dit Channing, dans la divinité de la mission et du ministère du Christ ; il a parlé avec une autorité divine ; il a été l’image éclatante des divines perfections. Nous croyons que Dieu a habité en lui, s’est par lui manifesté, a par lui enseigné les hommes, lui a communiqué son esprit par-delà toute mesure. Nous croyons que Jésus-Christ était la plus glorieuse manifestation, l’expression, la représentation de Dieu pour l’humanité, et qu’en le voyant et le connaissant, nous voyons et connaissons le père invisible, en sorte que lorsque le Christ est venu, Dieu a visité le monde et a demeuré parmi les hommes plus manifestement qu’à aucune époque antérieure. Dans les paroles du Christ, nous entendons Dieu parler ; dans ses miracles, nous voyons Dieu agir ; dans son caractère et dans sa vie, nous voyons une image immaculée de la pureté et de l’amour de Dieu. Nous croyons donc en la divinité du Christ au sens où cette expression est souvent et proprement employée. Comment donc, peut-on demander, différons-nous des autres chrétiens ? Nous différons en un point important. Tandis que nous honorons le Christ comme le fils, le représentant et l’image du Dieu suprême, nous ne croyons pas qu’il soit le Dieu suprême lui-même… Nous disons que le fils ne peut être le même être que son père, que celui qui a été envoyé dans le monde pour le sauver ne peut être le Dieu vivant qui l’a envoyé. »

« La dénomination d’unitairien, dit le révérend F. D. Huntingdon dans un recueil périodique de Boston, rédigé dans l’esprit de cette croyance (1857), comprend ceux qui acceptent le christianisme comme une dispensation de la grâce divine, et non comme un développement de l’humaine raison,