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M. Gaussen, en Prusse le docteur Kniewel, en Amérique le docteur Schmucker, en France MM. les pasteurs Fisch et Frossard avaient propagé cette idée dans le cercle de leur influence, tandis qu’en Angleterre elle produisait d’assez nombreuses conférences où presbytériens, wesleyens, indépendans, épiscopaux même, cherchaient ensemble les moyens de rallier les disciples de l’Évangile. Ces efforts n’avaient encore abouti qu’à des entretiens et à des discours édifians, lorsqu’à Edimbourg, après de nouvelles réflexions sur un verset un peu elliptique de saint Paul, que Sacy paraphrase ainsi : « Pour les points à l’égard desquels nous sommes parvenus à être dans les mêmes sentimens, demeurons tous dans la même règle ; » un comité composé de chrétiens de sept dénominations différentes adressa aux principales communions protestantes des trois royaumes un appel formel à l’union. Dans ce comité, on remarquait les noms de Thomas Chalmers, qui vivait alors, et du savant sir David Brewster. L’église établie d’Ecosse y avait, ce qui lui arrive souvent, cédé la place à l’église libre, qui ne faisait que de naître, et celle-ci était suivie de six autres églises qui ne sont pas fort connues en France, l’église de la sécession unie, celle du secours {relief), l’église presbytérienne réformée, l’église de la sécession originelle, celle des baptistes, celle des congrégationalistes. Une circulaire souscrite par des noms recommandables proposait une réunion générale à Liverpool pour le 1er octobre 1845. Venant d’Ecosse, de cette patrie de l’esprit de secte, de cette Bretagne du nord, séparée du reste de la grande presque autant que celle-ci l’est du reste du monde, le conseil était déjà un fait remarquable. Il est vrai que, dans un mémoire joint à la circulaire, où les motifs d’un concert fraternel étaient déduits avec force et talent, on trouvait bien encore quelques traces de l’humeur guerroyante des anciens covenantaires, et les prétentions envahissantes du puseyisme et du papisme y étaient alléguées comme une raison actuelle et pressante de se liguer pour combattre. Néanmoins une véritable ferveur religieuse respirait dans cette composition, œuvre assez remarquable du révérend King, de la sécession unie, et l’exhortation fut entendue par le zèle de la charité plus que par le zèle de la controverse. Plus de deux cents personnes appartenant à vingt congrégations différentes se réunirent à Liverpool pour délibérer sur les moyens de donner un corps à une pensée qui n’était pas encore sortie du vague. Dans cette assemblée, l’église anglicane fit beaucoup moins défaut que l’église établie d’Ecosse. Quoique peu encouragés ou même positivement désapprouvés par leurs évêques, plusieurs ministres de la première prirent une part importante aux délibérations, et parmi eux se signala l’honorable et révérend Baptiste Noël, ministre de Saint-John