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vances de l’octroi parisien en s’abritant dans les communes suburbaines placées entre la circonscription administrative et l’enceinte des fortifications. Ces intérêts méritaient de grands égards sans doute, car ce sont ceux des classes laborieuses et d’usines qui avaient fait entrer les différences d’octroi dans le calcul des prix de revient de leurs produits. Le rapport lumineux et décisif de M. Delangle nous semble éclairer toutes les difficultés de la question et démontrer qu’elles ont été résolues à l’avantage des communes suburbaines agrégées à l’agglomération parisienne et au surplus avec d’équitables ménagemens pour les positions auxquelles le nouveau changement serait passagèrement défavorable. M. le ministre des travaux publics a de son côté fait présenter au corps législatif le projet de loi qui doit mettre en vigueur les conventions conclues l’été dernier entre lui et les compagnies de chemins de fer, conventions dont nous avons indiqué dans le temps l’économie générale. Enfin le projet de budget de 1860 a été également apporté au corps législatif avec l’exposé des motifs du conseil d’état qui l’accompagne ordinairement. Le budget de 1860 est conforme aux dispositions que M. Magne avait annoncées dans son intéressant rapport du mois de décembre 1858. Le budget est présenté avec un excédant de recettes d’un peu plus de 5 millions. Il est vrai que la somme allouée à l’amortissement, qui n’est que de 40 millions pour l’exercice 1859, est portée à 60 pour l’année 1860 ; mais il faut remarquer par contre que le second décime de guerre est conservé encore sur les contributions indirectes et sur les droits de douane. Cette taxe transitoire donne un produit de plus de 38 millions. Est-il bien utile d’augmenter l’action de l’amortissement avant que les impôts soient rentrés dans les limites normales des budgets de paix ? L’emploi des 38 millions produits par le second décime ne serait-il pas plus fructueux, si cette somme était laissée aux consommateurs ? Une aggravation ou un dégrèvement sur les impôts indirects, est-ce chose indifférente pour la consommation ? îsous posons aujourd’hui ces questions en nous réservant d’y revenir dans l’examen du budget.

L’espace nous mauque pour dire ici l’émotion que nous avons ressentie à la lecture d’une œuvre délicate et touchante qu’une morte illustre vient d’inspirer à une pieuse amitié : nous voulons parler de cette étude sur Madame la duchesse d’Orléans, que la société lit en ce moment avec une sympathique admiration pour la princesse qui s’est nommée elle-même l’ardente exilée, et avec une vive reconnaissance pour la personne distinguée qui a su donner aux sentimens de tous une expression si juste et si attendrie. La tombe de Mme la duchesse d’Orléans est fermée depuis trop peu de temps, il semble que l’on offenserait le noble souvenir de la princesse, si l’on essayait déjà d’apprécier le rôle politique que ses malheurs lui infligèrent et qu’elle sut si dignement remplir ; mais l’âme grande, simple, sensible et passionnée de l’épouse, de la mère, de la princesse française, pouvait être révélée à ce public d’amis inconnus qui ne fait jamais défaut aux nobles mémoires. Ce sont les plus purs rayons de cette âme d’élite que l’auteur de Madame la, duchesse d’Orléans a su fixer dans un livre attachant. e. forcade.