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de cas; mais, comme Ton pense, bien des distinctions doivent être faites outre celles dont nous avons parlé, par exemple celle des maladies du mouvement et des maladies du sentiment. Avant toutes choses, une question se présente : l’irritabilité, c’est-à-dire la faculté de se contracter sous l’influence des irritans électriques ou autres, subsiste-t-elle lorsque le muscle est paralysé? On ne sait pas assez combien la physiologie est chose difficile, si l’on croit que poser la question et faire une expérience, c’est la résoudre. Ainsi Prochaska, Nysten et Legallois croyaient l’irritabilité intacte; Muller ne l’a pas trouvée telle pourtant; M. Marshal-Hall a distingué le cas de paralysie cérébrale de celui de paralysie spinale; enfin M. Duchenne de Boulogne a pu mieux diviser encore les phénomènes, et, comme il arrive dans les sciences qui ne sont pas encore bien avancées, il a compliqué ce qui paraissait tout d’abord si simple. Il a vu que toute paralysie qui tient à une lésion de la moelle ou des nerfs a pour conséquence la perte ou la diminution de la contractilité électro-musculaire. Dans les maladies qui affectent les muscles seuls, comme celle qui a reçu le joli nom de paralysie saturnine et qui suit l’empoisonnement par le plomb, la contractilité électrique disparaît, mais en partie seulement et spécialement dans certains muscles, tandis que d’autres, sans doute moins malades, la conservent, et qu’aucun ou presque aucun ne perd la sensibilité électrique. Enfin, dans les maladies cérébrales, l’irritabilité est à peine altérée, ainsi que dans les paralysies qui senties conséquences des rhumatismes provenant d’un refroidissement ou d’une cause analogue.

Sans tenter d’expliquer pour chaque cas l’irritabilité, la contractilité, l’excitabilité, la motricité, sur lesquelles on a plus discuté qu’il n’était nécessaire dans un temps où la physiologie n’était pas encore positive, et sur lesquelles certains savans se plaisent encore à disputer aujourd’hui, nous avons peut-être montré que l’électricité a tout au moins de grands rapports avec l’agent naturel qui excite les muscles. Leurs contractions et leurs relâchemens successifs, obtenus à l’aide de courans interrompus, sont très analogues aux phénomènes que la vie et la volonté y déterminent, et cette sorte de gymnastique favorise souvent le retour des mouvemens volontaires, soit que l’électricité augmente la production de l’agent nerveux, soit qu’elle en rende l’écoulement plus rapide, soit qu’elle agisse comme la gymnastique elle-même et en vertu du même principe, les membres souvent exercés augmentant de force ou de volume. Il reste donc établi que les rapports entre l’électricité et le fluide nerveux sont nombreux. Les médecins ne doivent plus maintenant dédaigner l’électricité comme un remède empirique, et n’en