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courant par tous les organes pour guérir une maladie locale. On pouvait condenser le fluide sur un point précis, à la surface de la peau ou au-dessous. En même temps, mieux qu’avec une machine électrique, il était possible de mesurer les doses et de graduer les décharges. On vit alors des effets divers se produire suivant que le courant passait dans le muscle d’une manière continue ou que le passage était par momens interrompu. Dans ce dernier cas d’abord, les effets chimiques sont supprimés, mais de plus l’action d’une pile dont le courant est rendu intermittent est plus grande que celle d’une pile plus forte à courant continu. Le courant continu le plus intense produit de la chaleur dans les membres, mais les contractions qu’il provoque sont insignifiantes. Les courans intermittens ont au contraire une triple action sur les muscles, à l’entrée du courant, à sa sortie, et dans l’intervalle de l’entrée et de la sortie. La sensibilité de la peau est plus excitée, mais les tissus sont moins désorganisés que dans le premier cas, les contractions sont plus fortes, et la répétition peut en être salutaire. Il est d’ailleurs inutile d’insister, car l’électro-puncture est à peu près abandonnée aujourd’hui, et si quelques praticiens guérissent encore avec l’électricité galvanique, ils ont renoncé du moins à se servir des piles ordinaires. A peine les emploie-t-on parfois, comme l’ont fait MM. Becquerel et Breschet, pour faciliter quelques réactions chimiques dans l’organisme. Les piles à auges ont été remplacées par des mélanges de poudre de zinc et de poudre de cuivre, ou mieux par des chaînes. On peut voir ces derniers appareils dessinés sur tous les murs de Paris. Le charlatanisme et les annonces quotidiennes attirent un peu trop les malades et éloignent peut-être trop les médecins ; mais ces chaînes sont réellement des piles ingénieuses, fournissant, sous une forme légère et très maniable, une dose considérable d’électricité galvanique. On y ajoute d’ailleurs un petit appareil, qui se monte comme une montre et qui permet d’interrompre le courant.

La véritable électricité médicale, celle qui agit de la manière la plus évidente sur l’organisation, celle qui servira plus que l’électricité statique et l’électricité galvanique à expliquer les phénomènes nerveux, si ceux-ci ont des relations quelconques avec les forces connues de la nature, c’est l’induction. Celle-ci peut être facilement dosée, dirigée, interrompue. Les appareils qui la fournissent sont légers, commodes, élégans. Tout le monde d’ailleurs (sans bien connaître les détails, sans distinguer les appareils électro-magnétiques ou volta-électriques des magnéto-électriques), tout le monde sait que l’électricité ainsi nommée est due à l’action d’un aimant sur un corps conducteur, en général sur un fil de cuivre roulé autour de