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sortes d’électricité qui existent normalement dans toute substance; le fluide positif va d’un côté, le fluide négatif de l’autre. On conçoit que, dans l’organisme, où tant de corps se combinent ou se décomposent, où tant de muscles glissent les uns sur les autres à chaque instant, la dose d’électricité soit considérable et fort variable. Est-elle un résultat forcé, mais inutile, de toutes ces actions et réactions diverses, ou sert-elle en effet au mouvement et à la sensibilité? Pour acquérir là-dessus quelque certitude, il faudrait pouvoir la mesurer, établir une sorte de balance entre l’électricité produite et l’électricité consommée ; mais si des appareils délicats peuvent montrer qu’une substance est électrisée, si même il est possible de mesurer la charge d’une barre métallique ou d’une bouteille de Leyde, la chose devient impraticable lorsqu’il s’agit du corps d’un être animé, qui se charge à chaque instant et où se passent des combinaisons chimiques sans cesse activées et sans cesse ralenties, sans que l’on en puisse deviner la cause, sans surtout que l’on puisse connaître le moment précis de leur plus grande ou de leur plus faible activité. En même temps, le fluide se dégage sur toute la surface du corps. L’observateur même en fournit à l’animal qui est le sujet de l’expérience, l’air lui en enlève ou peut lui en donner. Rien ne saurait donc être précis dans cette partie de la science, et il faut savoir beaucoup de gré à ceux qui veulent bien s’y consacrer, car ils ont de grandes chances de passer leur vie à collectionner des faits dont les conclusions ne seront tirées qu’après eux.


III.

Avant de parler de l’agent nerveux lui-même et de son analogie avec l’électricité, il faut dire quelques mots de tentatives récentes qui ont fait beaucoup de bruit et qui méritent d’être connues. Pour être tout à fait clair et pour bien faire comprendre les relations du galvanisme avec les nerfs, je ne puis omettre l’action de l’un sur les maladies des autres. Les expériences dont je veux parler n’ont pas pour but principal d’éclaircir ces relations, et le médecin qui les a faites s’est préoccupé surtout des services qu’elles peuvent rendre à l’art de guérir, mais elles n’en doivent pas moins trouver place ici; à défaut d’intérêt même, elles exciteraient la curiosité. La physiologie d’ailleurs est bien près de la médecine, trop près, pourrait-on dire. S’il est vrai que toute science vient d’un art, il faut remarquer pourtant qu’une science n’est complète que lorsqu’elle est bien distincte de l’art qui lui a donné naissance. C’est cette distinction qu’il faut établir maintenant entre la physiologie et la médecine, non que