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communion. Au lieu d’appliquer aux inspirations volontairement modestes de M. de Beauchesne un procédé d’analyse et de discussion qu’elles ne comportent pas, on nous saura gré peut-être de laisser la parole à l’auteur lui-même et d’indiquer par une courte citation l’intérêt touchant de son recueil. Nous choisirons dans la dix-septième pièce du volume le portrait d’une de ces mères chrétiennes pour lesquelles le livre a été écrit :


Une mère ! à ce nom tout le cœur se dilate.
Ce nom est à lui seul le plus doux aromate
Qui jamais parfuma la triste humanité ;
Et le chant le plus doux et le mieux écouté,
Tant que l’on pleurera dans ce monde éphémère,
C’est la voix d’un enfant qui chantera sa mère.
Inépuisable amour, dévoûment éternel,
Le chef-d’œuvre de Dieu, c’est le cœur maternel.
Avec la piété, la joie et la prudence,
La mère sur nous veille, humaine providence ;
Sa tendresse ombrageuse au milieu de la nuit
S’agite à notre souffle et tremble au moindre bruit ;
Sa sainte activité, toujours en exercice,
Sans se lasser jamais, s’use à notre service.
Des sentimens humains le temps toujours vainqueur,
Le temps brise son corps sans toucher à son cœur.
Jamais du dévoûment la source n’est tarie.
Quand elle ne peut plus travailler, elle prie.
En vain pour nous aider ses mains sont en défaut,
Ses prières encor nous défendent là-haut.
La prière est la clé mystérieuse et forte
Qui du trésor du ciel ouvre la sainte porte.
Et qui mieux qu’une mère a l’accent et le vœu,
La prière et l’amour pour arriver à Dieu ?

Ma sœur, femme bénie entre toutes les femmes,
Toi qui de mes enfans gardes les jeunes âmes,
Toi qu’ils nomment leur mère et qu’ils aiment ainsi,
Dans quel langage humain te dirai-je merci ?
À ton rôle sublime en esclave asservie,
Le soin de mes enfans devient toute ta vie :
Mérites ignorés, silencieux devoir,
Sacrifices cachés que Dieu lui seul peut voir,
Prévoyance infinie, héroïsme suprême,
Et qui n’a rien d’égal que l’amour de Dieu même !