Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 17.djvu/894

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le tarif d’importation des marchandises étrangères en Algérie fut également révisé par la loi de 1851. On conserva la franchise à certains articles de première nécessité, soit pour l’alimentation, soit pour les constructions urbaines ; on jugea cependant qu’il était essentiel d’établir sur les céréales les droits appliqués dans la métropole aux grains étrangers (1re classe du tarif de l’échelle mobile). Pour les tissus de coton et de laine, les droits de l’ordonnance de 1843 furent maintenus. Le tarif des fers fut fixé à moitié des droits du tarif général. Quelques autres articles obtinrent aussi des taxes de faveur. L’ensemble des marchandises non dénommées dans les catégories exceptionnelles demeura soumis au régime du tarif métropolitain, les marchandises prohibées par ce tarif continuant toutefois à être admises, comme par le passé, dans les ports de l’Algérie, et devant acquitter des droits de 20 à 25 pour 100 de la valeur. Enfin les navires étrangers arrivant sur lest furent affranchis du droit de tonnage, fixé à 4 francs par tonneau et payable seulement au premier port d’arrivée pour les bâtimens qui déchargeraient successivement leurs cargaisons dans plusieurs ports de la côte.

Ainsi la loi du 11 janvier 1851 était un mélange sagement combiné de libéralisme et de protection. L’Algérie gagnait, ce qui était le point capital, l’admission de ses principaux produits naturels sur le marché français, et cette fois encore elle échappait à la prohibition dans le règlement de ses rapports internationaux. Seulement l’accès des marchandises étrangères était rendu un peu moins facile, car le législateur entendait qu’une situation privilégiée fût faite, dans les ports de la colonie, aux produits fabriqués et au pavillon de la métropole. En ces termes, le contrat était acceptable, et l’Algérie se montra reconnaissante de l’avoir obtenu. — Terminons cet exposé nécessaire, sinon récréatif, de la législation commerciale de l’Algérie, en mentionnant le décret du 11 août 1853, qui autorisa les relations, prohibées jusqu’alors, de la colonie avec l’empire du Maroc et la régence de Tunis par les frontières de terre, et en signalant un article de la loi de douane du 26 juillet 1856, qui accorda au pouvoir exécutif le droit de prononcer provisoirement, par voie de décrets, la libre importation en France des produits fabriqués de l’Algérie non compris dans la nomenclature annexée à la loi de 1851. Ces deux mesures étaient inspirées par une pensée libérale et par les intentions les plus bienveillantes à l’égard de la colonie.

Nous avons hâte de sortir de ces détails techniques pour arriver enfin à la discussion des systèmes qui, dans ces derniers temps, ont été proposés, soit pour détruire, soit pour modifier le régime établi en 1851. C’est une bonne fortune pour l’Algérie que cette question ait été de nouveau soulevée. Toutes les fois que l’Algérie a vu discuter ses intérêts, elle y a gagné : l’attention ne peut être appelée sur elle sans qu’elle en profite. Comment en serait-il autrement ? L’Algérie est notre conquête, la conquête de notre génération : le drapeau français, fixé sur cette terre d’Afrique, éveille en nous un sentiment bien légitime de satisfaction et d’orgueil. L’Algérie est