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que notablement inférieur à celui des accidens survenus par le fait même de l’exploitation, le nombre des accidens de cette nature et de ceux qui proviennent de causes tout à fait indépendantes de l’exploitation est encore assez considérable. Du 7 septembre 1835 au 31 décembre 1856, 49 voyageurs ont trouvé la mort dans des circonstances de ce genre, et 107 y ont été blessés. Il n’y aurait évidemment aucun intérêt à établir une comparaison entre ces chiffres et celui des voyageurs transportés.

En continuant l’examen de la méthode suivie par M. Tourneux pour dresser la statistique des accidens arrivés sur tout le réseau français, nous trouvons des relevés généraux faits au moyen des troisième et quatrième tableaux relatifs à chaque chemin de fer. La désignation des accidens d’après leurs causes et leurs effets, quant aux personnes, est particulièrement instructive, mais demande, comme tous les documens de cette nature, à être appréciée avec beaucoup de circonspection, sous peine de ne pas conduire à des conséquences exactes et générales. Ainsi, pour n’en donner qu’un exemple, les déraillemens avaient fait, au 31 décembre 1854, 110 victimes parmi les voyageurs (66 tués, 44 blessés), tandis que les collisions de convois en avaient fait 289, dont 15 seulement auraient perdu la vie. Il est juste de dire que de ces deux causes la seconde est la plus redoutable ; mais il serait complètement faux d’ajouter qu’elle est moins meurtrière que la première, car la vérité, c’est précisément tout le contraire de ce qu’indique en apparence la comparaison des nombres de morts. En effet, il est indispensable d’observer que, sur les 66 morts dues à des déraillemens, 64 constituent le funèbre bilan des seuls accidens de Bellevue et de Fampoux, de telle sorte qu’en les mettant à part, il ne reste plus qu’un chiffre réellement insignifiant. On sait que les quatre autres catastrophes d’Orsay, de Vaugirard, Moret et Peltre sont précisément des collisions. Je ne crains pas d’affirmer, d’après l’expérience qui nous montre des trains de grande vitesse sortis brusquement de la voie sans qu’il en résultât aucune conséquence pour les personnes, que les déraillemens sont infiniment peu dangereux, pourvu qu’aucune circonstance particulière ne vienne compliquer un fait qui sans cela se borne à des avaries de matériel. Je ne puis malheureusement point émettre la même assertion au sujet des collisions, qui, eu égard.au poids et à la vitesse des masses choquantes, peuvent difficilement ne point être graves, et qui doivent particulièrement attirer l’attention de l’administration publique et des compagnies. Il n’est même pas besoin de nommer les autres causes d’accidens provenant du fait de l’exploitation proprement -dite, tant elles sont rares et peu importantes.

Le relevé général des accidens individuels de personnes tuées ou