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n’en est résultée pour les personnes. L’uniformité, si nécessaire pour fondre dans un travail récapitulatif des états partiels provenant de sources diverses, si difficile aussi à atteindre par suite de la multiplicité et surtout de la variété des circonstances qui peuvent se présenter en pareille matière, a bientôt été obtenue. Pour chaque compagnie, un registre, dont le cadre a pu être arrêté grâce aux enseignemens d’une expérience déjà longue, est tenu constamment à jour ; il fait connaître avec détails les causes et les effets de. chaque accident, et se prête à l’étude de toutes les mesures propres à augmenter incessamment la sécurité, déjà suffisante, ainsi qu’on doit en être maintenant convaincu, de nos voies ferrées.

La commission d’enquête, pour la période antérieure au 31 décembre 1853, s’est en outre fait remettre par les compagnies, comme moyen de contrôle des renseignemens qu’elle possédait par l’entremise de l’administration, le relevé détaillé de tous les accidens arrivés depuis l’origine des chemins qui ont été concédés. Elle a chargé son rapporteur, M. Tourneux, de grouper méthodiquement les nombreux documens qu’elle avait reçus. Celui-ci a eu recours à un système aussi ingénieux que précis pour faire connaître avec les détails suffisans les accidens survenus dans l’exploitation de notre réseau ferré. Chaque chemin est l’objet de quatre tableaux fournissant par année jusqu’au 31 décembre 1854 : le premier, le chiffre des kilomètres exploités en moyenne, le nombre des accidens de tout genre constatés dans les stations ou en pleine voie, les résultats concernant les personnes ; — le deuxième, la désignation des accidens suivant leur nature (déraillemens, collisions, etc.) ; — le troisième, celle des accidens groupés par catégories, avec l’indication des causes constatées et des effets quant aux personnes ; — le quatrième enfin est une nomenclature des accidens individuels dus principalement à l’imprudence des victimes elles-mêmes, et que j’ai jusqu’à présent passés sous silence, en m’attachant uniquement à la statistique des victimes proprement dites de l’exploitation des chemins de fer. Il ne serait point équitable en effet de mettre au nombre des dangers inhérens à ce précieux instrument de travail la mort ou les blessures des voyageurs qui commettent l’insigne imprudence de descendre de voiture ou d’y monter pendant que le train est en mouvement, qui sautent des trains en marche, qui en tombent par suite d’une mauvaise fermeture des portières (dont ils sont le plus souvent les auteurs volontaires ou involontaires), qui se penchent hors des voitures de manière à se heurter la tête contre les ouvrages d’art, qui font des chutes dans les gares en y circulant maladroitement ou avec précipitation, qui, en un mot, doivent seuls être regardés comme responsables de semblables événemens. Bien