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montrer que la sécurité des transports par les voies ferrées est infiniment supérieure à la sécurité des transports par les routes de terre ordinaires, et de prouver par des chiffres incontestables que les accidens de chemins de fer n’ont pas la gravité qui leur est généralement attribuée par le public.

Du 7 septembre 1835 (date de l’inauguration du service dés voyageurs sur le chemin de fer, de Saint-Etienne à Lyon) au 31 décembre 1856, époque à laquelle s’arrête la statistique officielle qui nous fournit ces chiffres, il a été transporté 224,345,769 voyageurs. À ce nombre énorme correspond le nombre relativement faible de 513 voyageurs tués ou blessés, ce qui donne 1 victime sur 437,321 voyageurs transportés. Sur ces 513 victimes, 111 (ce nombre n’a pas varié de 1855 à 1856) ont été tuées, soit 1 sur 2,021,133, et 402 ont été blessées, soit 1 sur 558,074. On doit reconnaître tout d’abord, d’une manière absolue, que le calcul des probabilités, en présence de semblables résultats, apporte à chacun la preuve que sa sécurité personnelle est réellement protégée par des garanties sérieuses, et qu’il peut prendre place sans crainte dans une voiture de chemin de fer, en même temps que les soixante-douze compagnons de voyage que lui donne la statistique[1]. Cette absence de crainte sera d’autant plus légitime que personne n’a songé, en montant dans une diligence, aux chances d’accidens qu’on pouvait courir, et cependant ces chances étaient bien autrement défavorables lorsqu’on se confiait aux messageries. Nous trouvons en effet dans le curieux et substantiel rapport de M. Tourneux un tableau des accidens arrivés pendant dix années (1846-1855) aux voitures des deux grandes entreprises de messageries, qui met cette assertion hors de doute. On voit que, durant la période décennale considérée, 7,109,276 voyageurs ont été transportés, en diligences, sur lesquels 20 ont été tués et 238 blessés ; la proportion est donc de 1 tué sur 355,463, de 1 blessé sur 29,871, et de 1 victime sur 27,555 voyageurs transportés. Il est donc parfaitement exact de dire que la diligence ne supporte pas plus la comparaison avec la voiture de chemin de fer sous le rapport de la sécurité que SQUS celui de la rapidité et du comfortable.

Cette tranquillité d’esprit avec laquelle un voyageur peut se confier aux voies ferrées ressortira encore mieux, si l’on pousse plus

  1. Le nombre des voyageurs d’un train, obtenu par la comparaison du nombre annuel des trains mis en circulation avec le nombre correspondant de voyageurs transportés, était de 128 en 1853. En 1855 et 1856, la charge moyenne d’un train a été de 111 et 106 voyageurs seulement ; elle tend donc à diminuer par suite de la multiplication des trains de petit parcours. Le plus grand nombre de voyageurs transportés par un seul train varie de 800 à 1,000. Exceptionnellement, un train spécial de la ligue de Lyon a voiture à la fois 1,280 militaires.