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Enfin on avait adopté le principe de faire supporter, en créant un fonds de prévoyance, les frais de premier établissement aux quatre premières années pour la moitié de ces frais, et à une période ultérieure de vingt années pour l’autre moitié. Ainsi dès le premier exercice, malgré le petit nombre de prêts réalisés, le revenu des actions fut satisfaisant, grâce aux deux ressources extraordinaires de la dotation et du bénéfice sur les obligations.

Dans les trois exercices qui suivirent celui de 1853, le revenu des actions fut également de 7 pour 100 sur le capital versé, et dès ce moment les frais de premier établissement se trouvèrent soldés, c’est-à-dire que le fonds de prévoyance avait réalisé le capital correspondant à ces mêmes frais. La réserve statutaire atteignit le chiffre de 228,000 fr. ; enfin on mit à part sur les bénéfices de 1856 une somme de 125,000 francs pour créer une nouvelle réserve destinée à pourvoir aux différences d’intérêts sur obligations, dans le cas où la société se déciderait à recevoir comme remboursement anticipé et à prix débattu des obligations autres que celles correspondant directement au prêt lui-même. En résumé, ces trois exercices présentaient un bon résultat ; mais plusieurs causes accidentelles avaient encore concouru à l’assurer. Ainsi, sur les 30 millions d’actions à émettre, la société avait gardé plus de 2,000 titres, dont la négociation s’était opérée au-dessus du pair. Le prix anormal de l’argent avait permis de placer le fonds social à un taux très élevé. Ces circonstances ne devaient plus se reproduire, et néanmoins l’année 1857 a donné des conséquences encore plus fructueuses. L’excédant de l’actif sur le passif en 1857 a dépassé celui de 1856 de plus de 60,000 fr., malgré l’abaissement des reports et avec les seuls bénéfices procurés par les droits d’administration et les dépôts faits à la caisse de service. D’autre part, la dotation de la caisse de prévoyance s’est élevée à une somme plus forte que l’année précédente, et cette caisse elle-même a reçu une nouvelle et importante destination. Dès que le revenu de cette caisse suffisait à solder la somme annuelle destinée pendant vingt ans à amortir les frais de premier établissement, le capital du fonds de prévoyance devait être appliqué à un autre usage. On le destina, en l’augmentant pour 1857 d’une somme de 218,000 francs, prélevée avant tout partage des bénéfices, à pourvoir à la dépense progressive des obligations, qui s’élève d’année en année par suite du service des primes et lots, tandis que la recette de l’annuité des prêts est invariable. En définitive, les ressources normales de la société, c’est-à-dire celles que lui assurent les annuités et la subvention de l’état, permirent de distribuer aux actionnaires 8 pour 100 au lieu de 7 qu’ils avaient touchés jusque-là. C’est un résultat qu’il est bon de noter