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de temps à laquelle se réfère le rapport de M. Frémy, le prix de l’argent était bien autrement élevé, témoin le taux de l’escompte à la Banque de France. On ne pourrait donc s’étonner que d’une chose au sujet de ces opérations, c’est qu’elles n’aient pas été plus multipliées, si l’explication de ce fait ne se trouvait non-seulement dans l’irrégularité des titres des propriétés immobilières, signalée de tout temps comme un des plus sérieux obstacles à la réalisation des prêts, mais aussi dans la réserve prudente et habile que les directeurs du crédit foncier ont apportée à l’extension de leurs opérations. Leur premier soin avait été en effet, après avoir obtenu la facilité de prêter des obligations, d’en assurer le placement et de le diriger, si faire se pouvait, au lieu de l’abandonner à toutes les fluctuations de la Bourse. Pour cela, on ne se contenta pas de faire des avances sur obligations au moyen de la caisse des comptes courans ; mais le crédit foncier, comme on l’a vu, se chargea gratuitement de la vente des obligations mêmes. Contrairement à ce qu’il était permis de supposer, cette vente trouva le public exceptionnellement favorable ; dans les départemens, là surtout où l’action de l’administration pouvait pénétrer plus profondément et rencontrer les habitudes traditionnelles du prêt sur hypothèque, les titres du crédit foncier jouirent d’une grande faveur : aussi put-on les négocier à un taux supérieur à celui des autres valeurs. Les obligations de 500 francs, rapportant 20 fr. d’intérêt, avec lots, se vendirent de 425 à 435 fr., tandis que les obligations des chemins de fer, remboursables à 500 francs et produisant 15 francs de revenu, n’étaient pas cotées au-dessus de 275 francs. C’est dans les départemens de l’est surtout que ces titres furent le plus recherchés, et l’administration du crédit foncier songea plutôt à modérer qu’à exciter ce mouvement : elle comprit que, les premiers besoins une fois satisfaits, elle ne trouverait peut-être plus de demandes incessamment renouvelées, et elle aima mieux, dans l’intérêt de l’avenir, limiter ses opérations du moment.

D’un autre côté, pour faire tourner ce progrès à l’avantage du public, la société renonça à l’indemnité de 3 pour 100 que les statuts l’autorisaient à prélever en cas de remboursement anticipé. Enfin elle résolut d’employer une partie du capital social en prêts hypothécaires à court terme, sans amortissement, et organisés, il y a quelques semaines, au profit des constructeurs propriétaires de terrains à Paris. Cette nouvelle série d’opérations, autorisée en principe par les statuts, témoigne à la fois de la vigilance des administrateurs du crédit foncier à répondre aux besoins du public et de leur esprit de prévoyance. Nombre de propriétaires peuvent ne pas se trouver dans toutes les conditions exigées pour le prêt à long