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mais le cercle de Mérinaghem, qui est le plus éloigné de Saint-Louis, même celui de Lampsar, qui s’étend au voisinage immédiat de cette ville, restent, malgré les forts qui les protègent, dépeuplés et incultes depuis la terrible invasion des Trarzas, au printemps de 1857.

Au Cayor, le damel ou roi nous craint et nous ménage. Il refuse un asile à notre ennemi Éli, le fils de Guimbotte. Après la délivrance de Médine, il a fait complimenter le gouverneur de notre colonie. Les habitans des villages du Cayor les plus rapprochés de Saint-Louis nous envoient des volontaires pour toutes nos expéditions, subissent notre influence et notre police, et entretiennent avec nos traitans des échanges continuels, sans qu’il en coûte à ces derniers aucune coutume : sur ses sujets, le damel perçoit les taxes de sortie à son gré par ses agens. Il paraît attacher un tel prix à notre alliance, que l’on compte sur l’heureuse issue des négociations que le gouverneur se propose d’entamer prochainement pour la cession des salines et des terres de Gandiole, village trop voisin de Saint-Louis et trop lié d’affaires avec cette ville pour rester plus longtemps la propriété d’un maître étranger. Quant aux autres états ouolofs, le Dniambour se souvient d’une récente leçon qui lui a été infligée, et le roi du Djiolof sollicite l’admission de son fils à l’école des otages, fondée à Saint-Louis pour l’éducation des enfans des grandes familles indigènes. Chez les Braknas, l’anarchie règne encore, mais une anarchie tout intérieure, et qui lèse peu nos intérêts, car si notre protégé, Sidi-Éli, perd son temps à négocier avec son rival, l’un ni l’autre ne résistent plus à nos volontés. Quoi qu’il en soit de leurs débats, le fort Podor surveille leur territoire, une ville s’élève sous la protection de nos canons, les caravanes approvisionnent nos comptoirs, tous nos intérêts immédiats sont saufs. Ce même fort, combinant son action avec celui de Dagana, assure à notre commerce le libre accès du Fouta inférieur, occupé par les peuplades, aujourd’hui ralliées à notre autorité, du Dimar et du Toro. Plus loin, l’Ile-à-Morfil nous ouvre non moins librement ses richesses. Dans le haut du pays, livré à d’inextricables divisions, l’almami et les principaux chefs observent la paix stipulée ; seuls, quelques turbulens sectaires d’Al-Agui agitent les villages remplis d’une population orgueilleuse et fanatique : le fort de Matam, dont le commandement vient d’être confié à M. Holle, les tiendra désormais en respect, et les victimes d’anciennes guerres locales, qui forment un parti vaincu, compteront au besoin sur nous comme sur des libérateurs.

Dans le Galam ou Guadiaga, le poste de Bakel, autrefois redouté pour son insalubrité, est devenu, grâce à des logemens vastes et commodes, un séjour tolérable, sinon recherché. Le village de ce