Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 17.djvu/545

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la suppression de toute coutume, sauf aux chefs à prélever tels droits qu’il leur conviendrait sur les gommes exportées par leurs sujets. Au mois de novembre 1855, un banquet offert par la population de Saint-Louis au gouverneur et aux officiers de toutes armes qui avaient pris part aux dernières expéditions attesta solennellement l’adhésion dès habitans à la politique résolue et ferme qui devait relever l’honneur et l’autorité de la France.

Dès le mois de décembre, quand le fleuve, rentré dans son lit, permit de reprendre la campagne, M. Faidherbe parcourut les parties du Oualo les plus éloignées et s’avança de quatre lieues au-delà de Mérinaghen. Partout il remarqua des cultures de mil, de riz et autres matières alimentaires, gages des succès promis à l’agriculture ; même dans ce pays décrié par les échecs antérieurs d’une colonisation prématurée et mal dirigée. Enfin, comme consécration éclatante des ordres reçus du gouvernement métropolitain, le Oualo fut constitué en province française et divisé en quatre cercles, début d’un système destiné à lier plus intimement ce pays à notre cause et à notre influence. Le commandement des cercles fut confié à des chefs indigènes. À peine cet état eut-il été déclaré province française, que les populations accoururent sous la protection de notre drapeau, et les villages du cercle de Dagana entre autres virent immédiatement doubler le nombre de leurs habitans. Ces mesures retentirent jusqu’au Fouta. L’almami de ce pays, tremblant pour lui-même, promit à Podor, en présence d’une députation de traitans et de chefs, de ne plus troubler désormais nos relations commerciales avec les habitans, et il confirma la trêve conclue six mois auparavant.


III. — CAMPAGNES DE 1856 ET 1857. — SIEGE DE MEDINE PAR LE PROPHETE. — DISPERSION DE SES BANDES;

La prise de possession du Oualo dans des conditions de dignité et de durée avait été l’œuvre de l’année 1855 ; l’intimidation des Trarzas dans leur propre pays, ou jamais les troupes françaises n’avaient osé s’aventurer, fut le but assigné à la campagne de 1856. Pendant quatre mois, des colonnes mobiles, composées de quelques centaines de soldats à peine et appuyées d’une ou deux pièces d’artillerie légère, fouillèrent le pays en tout sens, de Saint-Louis jusqu’à Podor, s’avançant hardiment dans l’intérieur. Les Trarzas qui échappaient aux balles et au sabre des soldats, réduits à la gomme et à des racines pour toute nourriture, périssaient de faim dans le désert. Leurs troupeaux étaient enlevés dans des razzias quotidiennes ; leurs captifs s’enfuyaient et couraient se réfugier à Saint-Louis.