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de combustible amassés dans les bassins houillers seront épuisés. Les rares esprits qui consentent à s’en préoccuper se bercent volontiers de l’espérance que, le charbon faisant défaut, l’électricité et la chimie nous fourniront quelque chose pour y suppléer. La science se préoccupe à bon droit de chercher des remèdes à l’imprévoyance du présent ; l’un des plus simples consisterait, sans aucun doute, à convertir avec toute l’économie possible la chaleur en force motrice. Quand ce problème ne serait pas recommandé à la science par les besoins des sociétés, elle devrait néanmoins chercher à le résoudre : notre esprit n’est satisfait que lorsque nous sommes arrivés à produire un certain résultat par les moyens les plus simples ; nous nous sentons alors en harmonie avec la nature, qui proportionne d’une manière admirable les causes et les effets.

Carnot a le premier résolu théoriquement le problème de la conversion de la chaleur en force motrice. Les résultats auxquels le raisonnement l’a conduit sont, chose remarquable, indépendans de l’hypothèse erronée qu’il avait soutenue relativement à la nature même du calorique, ils ont été adoptés par les partisans des théories nouvelles. M. Clapeyron en France, le professeur Thompson de Glasgow, M. Clausius en Allemagne, ont successivement abordé, après Carnot, le problème fondamental de la corrélation du travail dynamique et de la chaleur. Grâce à toutes ces recherches, nous savons aujourd’hui quelles conditions doit remplir une machine pour convertir en travail extérieur la totalité de la chaleur qu’on lui donnerait à dépenser. Une semblable machine, il est facile de le prévoir, est idéale et irréalisable ; c’est un type dont il faut tenter incessamment de nous rapprocher, et qu’il nous est impossible d’atteindre. Nous ne pourrons jamais utiliser qu’une fraction de la chaleur que nous empruntons aux combustibles ; pourtant cette fraction, aujourd’hui si minime, pourrait facilement être augmentée. Les machines à vapeur actuelles, si admirables au point de vue du mécanisme, sont des appareils barbares au point de vue de l’emploi utile de la chaleur. On se rapprocherait beaucoup de la machine idéale dont nous venons de parler, si, au lieu d’appliquer la chaleur à vaporiser de l’eau, on l’employait à échauffer de l’air. L’air chaud et comprimé travaillerait avec beaucoup plus d’économie que la vapeur. On a déjà fait beaucoup d’essais dans ce genre. Dès 1840, Robert Stirling prit en Angleterre un brevet pour une machine à air chaud qui fonctionna pendant plusieurs années avec succès à l’usine à fer de Dundee. Récemment encore, on s’est beaucoup préoccupé en Amérique de la machine Ericsson, établie sur des principes à peu près semblables. En France, M. Séguin a fait et prépare encore des essais dans cette voie nouvelle. Les difficultés devant lesquelles on