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sont les charitables œuvres auxquelles s’est dévouée l’élite de la société anglaise avec une ardeur infatigable dont nous voudrions ici exposer les principaux résultats, depuis les écoles où l’on s’étudie à moraliser les pauvres jusqu’aux prisons où l’on s’applique à réformer les criminels.


I. — ÉCOLES INDUSTRIELLES ET RÉFORMATOIRES. — Teetotal, lodging-houses.


On n’évalue pas à moins de 5,250,000 liv. sterl. (131,250,000 fr.) le montant annuel des objets volés dans le royaume-uni. La cause première de ces nombreux méfaits se trouve presque toujours dans les vices d’une enfance abandonnée à la misère et aux mauvais exemples. Il y a en Angleterre (le fait a été constaté récemment à la chambre des communes) deux millions d’enfans qui ne reçoivent aucun enseignement primaire ou professionnel. Aussi toutes les forces actives du pays se sont-elles coalisées contre les dangers de cette situation avec une ardeur que n’ont pu ralentir ni les sacrifices imposés par la guerre, ni la lutte des partis, ni la vivacité des controverses religieuses. Whigs, tories et radicaux, catholiques, anglicans, puseyistes, baptistes, quakers, unitaires, tous agissent avec un admirable accord pour soulager la misère et pour prévenir le crime. L’Angleterre n’a pas trop de toute son énergie pour lutter contre les progrès d’un paupérisme et d’une dépravation qui semblent s’accroître avec la prospérité nationale.

Un shérif d’Aberdeen, M. Watson, déplorait la nécessité d’emprisonner une multitude de petits voleurs à qui leur âge et leur délaissement auraient dû enlever la responsabilité de leurs actes. Dégoûté d’une répression inintelligente, il se demanda s’il ne vaudrait pas mieux prévenir tous ces crimes de l’enfance que d’être réduit à les châtier. Il mûrit cette idée, conçut un plan d’exécution, et avec l’aide de quelques amis, le 1er octobre 1841, il ouvrait dans la ville d’Aberdeen un établissement d’une espèce nouvelle, qui tenait à la fois de la maison des pauvres, de l’école primaire et de l’atelier. Dès ce premier jour, vingt enfans, qui ne vivaient que de mendicité et de rapine, se rendirent à cet asile, où, avec la nourriture du corps et celle de l’esprit, on leur offrait l’apprentissage d’un métier à leur choix. De tels bienfaits ne pouvaient manquer d’être appréciés de toutes les classes de la population ; les ressources de l’école industrielle et nourricière d’Aberdeen s’accrurent rapidement, et en 1856 elle comptait soixante-cinq élèves de sept à quatorze ans, dont la dépense moyenne personnelle, déduction faite du léger produit de leur travail, ne s’élevait par an qu’à la somme de 3 livres 1 shill. 7 deniers et demi (76 fr. 95 c). Mais comment, sans se pré-