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bien que non convaincu, il finit par se rendre, et dans l’après-midi du 3 septembre, tous les capitaines, convoqués en conseil, furent instruits de la nouvelle résolution prise par leurs chefs. Après une délibération assez longue, les détails de ce nouveau plan d’attaque furent arrêtés; mais avant de les indiquer, nous décrirons rapidement la disposition des lieux.

On a déjà parlé de l’étroite péninsule qui, dans une direction nord et sud, fermait le port du côté de la rade, et nous avons dit que les montagnes formant cette péninsule s’élevaient devant la ville comme un véritable rempart, interrompu seulement en son milieu par une coupée, au-dessus de laquelle s’apercevaient les maisons et la mâture des navires du port. Ce point était défendu par une batterie de six pièces; puis, à environ 1,000 mètres plus au nord, également sur le rivage, se trouvait une deuxième batterie de cinq pièces, construite au pied de la montagne boisée qui commençait à la coupée. Sauf une étroite plage sablonneuse de quelques mètres, la montagne se présentait à la mer taillée en falaise, tandis qu’elle s’abaissait au contraire en pente assez douce du côté de la ville, ainsi que du côté de la batterie de cinq pièces, où elle venait se terminer. Il fallait donc, pour se rendre de cette dernière batterie à la ville, contourner la montagne; la distance était courte. Il s’y trouvait bien, ainsi que l’avaient dit les Américains, un chemin découvert et commode; mais depuis leur départ les travaux insignifians qui protégeaient la ville dans cette direction s’étaient singulièrement transformés, et derrière un fossé qui coupait la route s’élevait aujourd’hui un retranchement fermé, solidement remblayé et palissade, un fort enfin, qui ne pouvait être emporté que par une attaque en règle. C’était là le lieu choisi pour le débarquement, dont le plan sera maintenant facile à comprendre.

La frégate Président et la Forte devaient d’abord éteindre le feu, l’une de la batterie de la coupée, l’autre de la batterie située plus au nord sur la plage, au pied de la montagne; puis le vapeur mettrait à terre en ce dernier point le corps de débarquement, composé d’environ sept cents hommes, tant Français qu’Anglais, et réparti de la manière suivante : une avant-garde d’environ deux cents hommes, formée de cent vingt marines anglais et des pelotons d’élite français; une colonne française de deux cents hommes, réunissant les compagnies de la Forte et de l’Eurydice; une colonne anglaise de cent quatre-vingts hommes de la Pique et de la frégate Président; enfin un détachement de cent vingt hommes de l’Obligado et de la Virago. Malheureusement ces troupes n’agissaient pas sous une direction unique, et le commandement des Français avait été donné par l’amiral à M. de La Grandière, de l’Eurydice, tandis que celui des