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la fenêtre est bien le jeune Alonzo, fils de la duchesse. Stentarello est le fils du pâtissier de monseigneur.

— Mais que viendra faire là ce pâtissier ?

— Est-ce que je sais, moi ? C’est à vous de trouver quelque chose. Si vous faites de la peinture, vous ne m’aiderez pas du tout !

— Oh ! regardez donc, monsieur Goefle, comme mon ciel vient bien !

— Il vient trop, il vient en avant !

— Vous avez raison. Diable ! vous avez de l’œil, monsieur l’avocat ! Je vais foncer un peu mon donjon.

— Très bien. Le ciel rose est joli à présent et rappelle assez les nuages brillans de notre atmosphère ; mais ce n’est pas là un ciel d’Espagne ?

— Mettons la scène en Suède, pourquoi pas ?

— Oh ! non, par exemple ! Savez-vous que dans notre acte,… et surtout avec cette vue du Stollborg que vous venez de faire, il y aurait lieu, si l’imagination voulait se donner carrière, à certains rapprochemens….

— Avec l’histoire de la baronne de Waldemora ?

— Eh ! qui sait ? Dans la réalité, il n’y en a pas, puisqu’il n’y a pas eu d’enfant ; mais certains esprits pourraient s’imaginer que nous représentons la prétendue captivité de la dame grise. Non, Christian, la scène en Espagne ! cela vaudra beaucoup mieux.

— Va pour l’Espagne ! Donc nous disons que le pâtissier a un marmot qui vient de naître, et qui sera l’illustre Stentarello. Or le cuisinier du château, qui envoyait à ce pâtissier de la part du baron…

— Du baron ?

— Vous m’avez remis le baron en tête en me parlant de rapprochemens possibles. Notre traître s’appellera don Diego ou don Sanche.

— À la bonne heure ! Donc le cuisinier du baron Bon ! m’y voilà aussi, moi ! je veux dire de don Sanche. Que lui envoie-t-il ?

— Un magnifique pâté dans une corbeille pour qu’il ait à le faire cuire.

— J’y suis, j’y suis ! Il avait déposé cette corbeille dans la barque. Le batelier chargé d’enlever et de sauver l’enfant du mystère n’y fait pas attention et emporte les deux corbeilles : puis il se trompe, porte le pâté en nourrice, et envoie au pâtissier un enfant à mettre au four !

— Et le bon pâtissier élève les deux enfans, ou bien il s’embrouille et garde celui de la duchesse. De là, par la suite, des quiproquos sans fin, et nous marchons au dénoûment avec certitude.