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certain Johnne Faw ou Faa, « .seigneur et comte de la Petite-Égypte. » Cette ordonnance fut renouvelée par le comte d’Arran, régent d’Écosse en 1553. Il paraît, d’après la teneur de ces curieux édits, que ce John Faw était une sorte d’Abd-el-Kader, avec lequel le gouvernement écossais avait trouvé bon de traiter, afin de s’assurer la fidélité des tribus soumises à son influence. Il était enjoint aux magistrats d’appuyer l’autorité de ce comte d’Égypte, de lui prêter main-forte pour l’exécution des lois de justice sur ses gens (les lois égyptiennes), et de punir comme rebelles ceux qui se révolteraient contre lui. L’année suivante, 1554, ce même Faw, « capitaine des Égyptiens, » reconnu coupable, avec douze hommes de sa bande, d’un meurtre commis à Lyntown, obtint sa grâce et celle de ses complices. De cette extrême indulgence le gouvernement écossais passa vingt-sept années plus tard à une extrême sévérité. Le nombre des gypsies et aussi leurs brigandages s’étaient beaucoup accrus durant les troubles politiques et religieux qui remplirent le règne de Marie Stuart. En 1570, l’autorité jugea nécessaire d’adopter les mesures les plus rigoureuses pour purger le royaume des bandes de vagabonds qui l’infestaient. Un acte du parlement établit des peines contre les mendians valides et paresseux, en même temps qu’il pourvoyait au soulagement de ceux qui étaient incapables de gagner leur vie. Je regrette de trouver les bardes, les ménestrels et les écoliers vagabonds confondus dans cet acte avec les jongleurs d’Égypte, dont ils recherchaient, il faut le croire, la société. Ce statut fut sans doute impuissant à restreindre les crimes et les déprédations de ces bandits, car en 1603 les lords du conseil privé trouvèrent bon de publier un décret qui prononçait contre toute la race, sous les peines les plus sévères, un bannissement perpétuel. En 1609, un acte du parlement déclarait que les sujets de sa majesté avaient le droit de saisir et de mettre à mort tout Égyptien qui serait trouvé dans le pays après un jour fixé. Cette loi eut le sort de toutes les lois violentes : elle tourna la pitié du côté de ceux qu’on voulait détruire. Non-seulement les classes inférieures, mais beaucoup de personnes de qualité continuèrent, après la promulgation de la sentence à donner asile et protection aux Égyptiens proscrits. Le gouvernement s’alarma de cette indulgence, et, voulant persister dans sa voie, menaça de peines sévères les receleurs de gypsies. Malgré tous les efforts que l’on tenta pour les extirper d’Écosse, les gypsies réussirent à s’ancrer, comme dit un écrivain écossais, sur cette vieille terre montagneuse. Plusieurs, il est vrai, perdirent leur vie dans la lutte qu’ils eurent à soutenir. Les sévérités de la loi paraissent avoir atteint de préférence les descendans de ce John Faw ou Faa, qui avait d’abord été protégé par le gouvernement : un