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D’abord les éditions les plus estimées des Commentaires, depuis la princeps de 1469[1] jusqu’à celle de Leipzig, 1847 ;

Puis le César de Montaigne, avec les notes autographes et les jugemens si honnêtes et si droits de l’immortel auteur des Essais ;

Le Parfait Capitaine, ou abrégé des guerres de la Gaule, œuvre assez pâle d’un vrai grand homme, Henri, duc de Rohan ;

Le Commentaire, toujours pédant, quelquefois juste, plus souvent faux, que le général Turpin de Crissé a cru devoir ajouter aux véritables Commentaires ;

L’Étude sur le Siége d’Alesia, par le colonel Vacca Berlinghieri, travail très remarquable, très complet et approfondi, œuvre d’un soldat et d’un érudit. Cependant on peut lui reprocher de traiter un peu cavalièrement le conquérant des Gaules[2] ;

Le Précis dicté à Sainte-Hélène par Napoléon. Qui pouvait mieux comprendre et juger César ? Malheureusement, si dans quelques passages on retrouve comme l’empreinte de la griffe du lion, l’ensemble de cet écrit se ressent des négligences d’une dictée rapide et de la fatigue trop manifeste de l’illustre auteur ;

Enfin un fort beau manuscrit, avec miniatures, d’une compilation très aimée du moyen âge, et intitulée Lucan, Suétoine et Saluste. Je fais assurément peu de cas du mérite historique de cette œuvre ; mais elle pouvait fournir quelque indication sur les traditions populaires.

Sauf le plaisir de relire quelques belles pages et de manier des livres aimés, cet examen fut peu fécond en résultats. Éditeurs, annotateurs, aucun n’avait discuté l’emplacement d’Alesia. Je remarquai seulement que l’édition princeps et plusieurs autres disent Alexia et non Alesia, orthographe qui se retrouve encore dans la traduction grecque des Commentaires attribuée à Planude et dans la version latine du Plutarque d’Estienne, enfin que les cartes annexées aux éditions du xviie siècle placent Alesia sur la rive gauche de la Saône, tandis que sur les cartes postérieures aux travaux de d’Anville cette cité occupe l’emplacement de l’Alise bourguignonne. C’était un retour à des traditions déjà anciennes dont nous trouvons

  1. Il faut savoir qu’avec le premier Virgile, le premier Lucain et le premier Aulu-Gelle, sortis la même année des presses pontificales de Rome, ce premier César est un des plus rares et précieux livres qui existent. Citons encore les éditions aldines, surtout en ancienne reliure ; l’elzévirienne avec les bonnes fautes ; celle de Tonson (Londres 1712), en très grand papier, avec la rare planche de l’Urus ; celle d’Oudendorp (Leyde 1737), aussi en grand papier : je ne crois pas qu’il en existe de meilleure ; celle de la collection Lemaire, dont les notes ne sont pas à dédaigner, etc.
  2. Le mémoire de Berlinghieri dispense de lire celui de Guischardt qu’il résume et corrige. Guischardt, officier allemand au service de Hollande, avait lui-même discuté et redressé les erreurs de Folard et autres.