Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 15.djvu/592

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES TURCS
ET
LE MONTENEGRO



Plaçons-nous sur l’Adriatique, à Antivari, et de ce point menons deux lignes : l’une le long de l’archipel dalmate, vers le nord-ouest, allant aboutir à l’extrémité méridionale de l’Istrie, l’autre vers le nord-est, côtoyant les montagnes qui séparent la Serbie de l’Albanie et de la Macédoine ; faisons fléchir cette seconde ligne vers le Danube pour l’arrêter à l’embouchure du Timok. Le vaste espace compris entre les deux côtés de l’angle ainsi tracé est habité par une seule race d’hommes, la race serbe ou illyrienne. Au nord, cette race rencontre pour barrière le cours de la Drave et du Danube, quoiqu’elle occupe sur la rive gauche de ce fleuve plusieurs territoires importans, notamment la majeure partie du Banat. La contrée dont nous venons de décrire approximativement les limites comprend l’Esclavonie, entre la Drave et la Save ; la Croatie et la Dalmatie, provinces de l’empire d’Autriche ; la Bosnie, province ottomane ; la Serbie proprement dite, principauté vassale de la Porte, et plusieurs districts turcs au sud de ce dernier pays. Enfin, à l’extrémité des pays serbes, du côté du midi, au sommet de ce grand triangle, se trouve un petit état indépendant : c’est le Monténégro. Le maintien de cette indépendance au milieu de voisins si puissans est un problème historique qui commande notre attention. La situation de ce petit état, sa configuration géographique, seraient déjà des indices de sa destinée à défaut de tout autre témoignage.