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M. Jacquot, ingénieur des mines, dans de récentes Études géologiques sur le pays messin, qui font suite à ses Études géologiques sur le bassin houiller de la Sarre, fonde de grandes espérances de succès sur des recherches à opérer dans la Moselle, qui, en cas de réussite, n’ajouteraient pas moins de 200 kilomètres carrés de territoire houiller à celui qui est aujourd’hui reconnu dans ce département. Ce seul exemple suffit, il me semble, à faire apprécier l’incertitude considérable attachée au premier des deux élémens qui servent à calculer notre richesse en combustible minéral. Cette incertitude se retrouve au même degré dans le second élément, l’épaisseur du terrain carbonifère. Le fait, récemment mis en lumière, du passage de tout le système des couches de Rive-de-Gier sous le système de Saint-Étienne, dans le bassin de la Loire, peut précisément donner une idée frappante de l’inexactitude originelle à laquelle il faut se résigner dans l’appréciation de la puissance d’un terrain houiller. Enfin je n’ai pas besoin de rappeler, comme une source indéterminée d’erreurs en sens contraire, l’influence que peut avoir sur les calculs hypothétiques de cet ordre la série d’accidens trop fréquens que présente une semblable formation géologique.

Ces réserves faites sur le degré de confiance qui doit être accordé aux indications métriques dans une étude de ce genre, voyons comment se décompose la superficie de 550,000 kilomètres carrés occupée en totalité par les terrains houillers des deux hémisphères, et représentant la deux cent trentième partie environ de la portion du globe qui n’est point occupée par les eaux. Les 10/11es de cette superficie houillère appartiennent à l’Amérique, et seulement à la partie nord de ce continent, car, ainsi que le remarque M. Amédée Burat, « un fait assez frappant dans la distribution des terrains houillers est leur accumulation dans l’hémisphère boréal. » L’Amérique du Sud ne contient pas un seul bassin carbonifère, et la gigantesque superficie houillère de l’Amérique du Nord est concentrée en quatre bassins seulement sous la main des hardis industriels des États-Unis, qui ne manqueront pas d’en faire l’une des bases de leur prospérité nationale : elle représente un quinzième du territoire de cette vaste confédération, mais ne correspond guère qu’à une extraction de 100 millions de quintaux métriques. Comparée à celle des nations européennes qui occupent les premiers rangs dans la production de la houille, cette extraction n’est inférieure qu’à l’extraction anglaise, qui sera bientôt sept fois plus considérable : elle est supérieure à l’extraction belge et par conséquent à la nôtre. En Angleterre, où 17,000 kilomètres carrés de terrain houiller, partagés en une vingtaine de bassins formant trois groupes, correspondent à une surface de 310,000 kilomètres carrés, la superficie houillère n’est plus qu’un dix-neuvième du territoire total, et la production est encore triple