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commission impériale, « les expositions universelles font partie de ce vaste programme économique auquel appartiennent les voies ferrées, les télégraphes électriques, la navigation à vapeur, les percemens d’isthmes, tous les grands travaux publics, et qui doit amener un accroissement de bien-être moral, c’est-à-dire de liberté, en même temps qu’une augmentation de bien-être matériel, c’est-à-dire plus d’aisance au profit du plus grand nombre. »

Quelle est l’organisation financière qui convient le mieux aux expositions? — Question importante, car, malgré l’intérêt qui s’attache à ces solennités, il est bien certain que, si elles devaient être trop coûteuses, il deviendrait difficile de les faire entrer dans les habitudes des gouvernemens. Les dépenses de l’exposition de 1855 se sont élevées à 11 millions de francs, tandis que les recettes provenant des prix d’entrée qui ont été perçus au profit de la compagnie du Palais de l’Industrie ont à peine atteint 3 millions. La dépense nette a donc été de 8 millions environ. Il est vrai que les fâcheuses dispositions du local, l’insuffisance de l’emplacement, la nécessité de construire à la hâte des-bâtimens annexes, etc., ont singulièrement accru le chiffre des frais); on doit aussi tenir compte de l’extrême libéralité qui a présidé à l’organisation de cette fête, non moins politique qu’industrielle, à laquelle la France conviait tous les peuples : il fallait évidemment qu’une entreprise ayant à sa tête un prince et dirigée avec le concours des représentans des premiers corps de l’état fût, par l’éclat de l’ensemble et par le luxe des détails, tout à fait digne de ces hauts patronages; c’était enfin une première représentation, et l’on comprend qu’elle ait été entourée d’une magnificence exceptionnelle. Ne soyons donc pas trop effrayés du bilan de l’exposition de 1855 : on pourra dans l’avenir, avec moins de faste et à moins de frais, offrir aux regards du public une exhibition qui ne sera pas moins complète ni moins utile pour les sérieuses études ; mais, indépendamment du chiffre même des dépenses, il reste à examiner comment les expositions devront être administrées. Le prince Napoléon se prononce pour le principe d’un prix d’entrée à exiger des visiteurs, et, tout en déclarant que, dans son. opinion, l’organisation la plus rationnelle serait de laisser la direction des expositions à l’initiative des particuliers, il reconnaît qu’en fait l’application de ce système en France sera longtemps encore impossible.

En Angleterre, on le sait, l’initiative des particuliers suffit amplement à l’organisation de ces sortes d’entreprises : c’est une société qui a exploité en 1851 le Palais de Cristal, c’est une société qui a préparé l’exposition de peinture ouverte à Manchester en 1856; la prochaine exposition universelle de l’industrie sera régie par le même