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avantageusement pour siège l’une des métropoles de l’Europe centrale, par exemple Vienne, Berlin ou Varsovie. Avec les paquebots à vapeur et les chemins de fer, le transport des produits n’est plus qu’une question de dépenses, et si les états du Zollverein, l’Autriche et la Russie veulent suivre notre exemple et payer les frais du concours, les élémens d’une exhibition brillante ne leur feront pas défaut. Dans le cas où l’industrie des puissances occidentales ne répondrait pas à leur appel sous le prétexte que la France et l’Angleterre se seraient concertées pour organiser des expositions périodiques, les gouvernemens du centre et de l’est de l’Europe refuseraient, par représailles, d’envoyer à Paris et à Londres les produits de leurs fabricans, et la mésintelligence, les susceptibilités nationales viendraient compromettre une œuvre qui ne peut subsister qu’à la condition de la bonne harmonie, d’une complète entente entre tous les pays.

Par ces divers motifs, il nous paraît que le plan proposé dans le rapport du prince Napoléon serait d’une réalisation très douteuse, et qu’il faut chercher dans d’autres combinaisons le moyen de concilier les avantages incontestables des expositions universelles avec l’habitude acquise et la nécessité démontrée d’expositions fréquentes et périodiques. En conservant pour la France les expositions quinquennales, et en établissant pour règle que, tous les vingt-cinq ans, l’exposition sera universelle, on se tiendrait dans une juste mesure. Nos industriels continueraient à profiter des bénéfices de publicité et des encouragemens que leur procure, depuis le commencement de ce siècle, le système d’expositions quinquennales. Les grandes industries, celles qui, par la nouveauté, par la perfection ou par le bon marché de leurs produits, sont dignes de fixer l’attention du monde entier, figureraient dans les expositions universelles, où les admissions pourraient sans inconvénient être rendues plus difficiles qu’elles ne l’ont été en 1851 et en 1855. En un mot, il ne s’agirait que de perfectionner, en le complétant, le mode d’exposition consacré par l’expérience française. Un concours universel, à l’expiration de chaque période de vingt-cinq ans, mettrait en présence des progrès de notre industrie les progrès accomplis par les industries étrangères. Cette simple modification suffirait pour ce qui nous concerne. De leur côté, d’autres nations ouvriraient de semblables concours, où seraient envoyées nos principales productions, de telle sorte que, par le fait, l’Europe verrait, à des intervalles assez rapprochés, soit à Paris, soit ailleurs, l’une de ces grandes solennités industrielles qui sont destinées à exercer sur l’avenir des gouvernemens et des peuples une si heureuse influence; car, suivant l’exacte et ingénieuse appréciation du président de la