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ÉTUDES
DE
LA VIE MONDAINE

LE ROMAN D’UN JEUNE HOMME PAUVRE

seconde partie.

30 juillet.

Le calcul des probabilités n’est jamais plus vain que lorsqu’il s’exerce au sujet des pensées et des sentimens d’une femme. Ne me souciant pas de me trouver de si tôt en présence de Mlle  Marguerite après la scène pénible qui avait eu lieu entre nous[1], j’avais passé deux jours sans me montrer au château : j’espérais à peine que ce court intervalle eût suffi pour calmer les ressentimens que j’avais soulevés dans ce cœur hautain. Cependant avant-hier matin, vers sept heures, comme je travaillais près de la fenêtre ouverte de ma tourelle, je m’entendis appeler tout à coup sur le ton d’un enjouement amical par la personne même dont je croyais m’être fait une ennemie.

— Monsieur Odiot, êtes-vous là ?

Je me présentai à ma fenêtre, et j’aperçus dans une barque qui stationnait près du pont Mlle  Marguerite, retroussant d’une main le

  1. Voyez la livraison du 1er mai.