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l’alimentation des animaux. Elles seraient loin en tout cas de pouvoir améliorer leur nourriture, et la faible valeur de ces tiges ne permettrait guère de les transporter assez loin des usines pour les livrer économiquement aux agriculteurs. Déjà de graves inconvéniens se sont présentés. La résistance de ces tissus ligneux, à cellules épaisses, recouvertes d’un épiderme siliceux, est telle qu’en voyant la difficulté d’extraire le suc des tiges en cet état, le docteur Sicard fut conduit à proposer de leur faire subir une décortication, et même d’exciser des tiges tous les nœuds, devenus très durs à cette époque, et presque dépourvus de sucre. Il faudrait pour atteindre ce but inventer une machine spéciale; mais il ne semble pas a priori qu’il fut possible d’obtenir par cette voie des résultats économiques.

A défaut des tiges du sorgho, les graines fourniront probablement une substance farineuse comparable à celle de l’orge, plus brune cependant et parfois douée malheureusement d’une âcreté insupportable, lorsqu’on n’aura pas pris les plus grands soins pour opérer l’égrenage, la dessiccation, la séparation des menues graines incomplètement développées au bas des panicules. On voit qu’il reste bien des études à faire avant d’être définitivement fixé sur l’avenir des grandes distilleries qui voudraient exploiter la plante nouvelle, et, comme on l’a dit spirituellement, « le sorgho est bien jeune encore pour qu’on puisse lui confier des millions! »

On a supposé, il est vrai, que des bénéfices accessoires plus ou moins importans seraient réalisés par l’extraction ou la transformation de plusieurs produits du végétal chinois. C’est ainsi qu’on espère tirer du sorgho des liqueurs, des condimens de nature très diverse; mais nous n’aurons pas besoin d’insister beaucoup sur les conditions dans lesquelles se présentent ces produits pour montrer que, lorsque les récoltes de raisin, de pommes et d’orge sont abondantes ou moyennes, les produits similaires préparés avec ces matières premières, — doués chacun d’un arôme particulier, agréable, tout aussi économiques d’ailleurs, — seront toujours l’objet d’une préférence marquée de la part des consommateurs. Quant aux substances alimentaires à tirer pour l’homme des graines de cette plante, la couleur brune, l’odeur peu agréable des produits obtenus jusqu’à ce jour, ne permettent guère d’espérer que l’on puisse jamais leur donner économiquement une destination pareille.

La cérosie qu’on retire du sorgho, substance grasse, superficielle, analogue à la couche blanchâtre qui revêt la superficie des cannes à sucre, ne pourrait pas plus que cette dernière trouver un débouché en concurrence avec la cire des abeilles, à moins que les frais de main-d’œuvre pour l’extraire et l’épurer ne fussent rendus économiques, ce qui semble bien difficile.

On a proposé encore de fabriquer avec les résidus de la plante