Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 15.djvu/166

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la vente des chemins de fer, mines, domaines, etc., à des sociétés industrielles. En définitive, le total de la dette publique de l’Autriche à la fin de 1856 s’élevait à 2 200 000 000 de florins ou 5 milliards 1/2 de francs environ, toujours sans y comprendre : 1° la dette créée pour le rachat des redevances féodales et des dîmes, dette évaluée, comme nous l’avons dit, à 500 millions de florins. ; 2° la dette de 210 millions de florins due à la banque de Vienne[1].

Des chiffres que nous venons de rapprocher ici, on peut conclure : 1° que les dépenses de l’état, qui en 1847 s’élevaient à 180 millions de florins, se sont depuis lors accrues de 247 millions, c’est-à-dire de plus du double ; — 2° que la dette publique s’est élevée, pendant la même époque, de 913 872 000 florins à 2 200 000 000, qu’elle a donc aussi plus que doublé ; — que les revenus de l’état, qui produisaient 156 millions de florins en 1847, ont atteint 273 millions en 1856, qu’ils ont donc augmenté de 70 pour 100 à peu près ; — enfin que le déficit, sans même tenir compte des dépenses extraordinaires entraînées par les affaires d’Orient en 1854 et 1855, augmente chaque année, et que la moyenne de ce déficit dans les huit dernières années a été de 117 millions, c’est-à-dire de la moitié presque du revenu total.

Nous sommes loin de regarder cet état financier de l’Autriche comme un état désespéré. — Un pays qui possède tant de ressources encore inexploitées, un pays dont la plus grande partie vient à peine d’être ouverte à la civilisation, à l’industrie et au commerce de l’Europe, où presque rien n’est fait, où par conséquent presque tout est à faire ; un tel pays, disons-nous, est bien capable de se relever, dans un assez court délai, de ses embarras financiers au moyen d’une administration active et prudente. Il suffit par exemple de comparer les produits des impôts sur les consommations et ceux des douanes (customs) en Autriche avec les chiffres correspondans du budget de la France, pour se faire une idée de l’augmentation de revenus sur laquelle l’Autriche peut compter, lorsque ses habitans seront parvenus au même degré de prospérité matérielle que les populations françaises[2]. Il y a donc tout lieu d’espérer qu’a-

  1. Ces chiffres sont empruntés aux comptes-rendus officiels que publie annuellement le bureau de statistique à Vienne.
  2. Les impôts sur les consommations de toute espèce n’ont produit en Autriche, dans l’année 1856, que la somme totale de 33 816 000 florins, les revenus de la douane 20 541 000 florins, le monopole des sels 29 725 000 florins, les tabacs 24 625 000 florins, tandis que les impôts directs montaient à 92 131 000 florins, ainsi à plus d’un tiers du revenu total. Les impôts additionnels pour le service des intérêts et de l’amortissement de la dette de 500 millions de florins provenant de l’abolition des redevances féodales, ainsi que pour les dépenses d’administration provinciale, s’élevant ensemble à 40 millions de florins par an à peu près, ne sont pas compris dans ce dernier chiffre. Ces cen-