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vers. C’étaient les Numides d’Annibal qui avaient décidé la plupart de ses victoires, et au moment même où César triomphait des Gaulois, les escadrons parthes détruisaient l’armée de Crassus. Quant à la résolution même d’enfermer ses soldats entre deux lignes et de les y faire combattre dos à dos contre l’ennemi du dedans et l’ennemi du dehors, elle était sans doute la meilleure que les circonstances et l’espèce d’adversaires auxquels on avait affaire permissent de prendre : l’événement en tout cas a donné raison au vainqueur. Cependant cet exemple a été funeste à presque tous ceux qui ont voulu le suivre, et devant Dyrrachium il en coûta cher à César lui-même pour avoir voulu recommencer cette dangereuse expérience en face de soldats romains[1].

Nous ne voudrions pas prolonger cet examen, qui nous entraînerait trop loin de notre sujet. Nous n’avons cherché à établir qu’une chose, c’est que, sans être nullement détracteur de César, en restant admirateur déclaré, non-seulement de ses grandes actions, mais de la façon dont il les raconte, il était permis de soumettre à l’analyse certains passages de ses Commentaires et de discuter quelques-unes de ses assertions, alors qu’il avait un intérêt évident à dissimuler ou à exagérer la vérité ; mais nous ne croyons pas que cette faculté puisse s’étendre jusqu’à changer le caractère de ses récits, ni que la critique moderne ait le droit de s’affranchir de l’interprétation rigoureuse du texte dans tout ce qui regarde les descriptions de lieux, d’ouvrages, de mouvemens.


XI.

Revenons au fond même du débat dont nous avons déjà mis une partie sous les yeux du lecteur. Oublions un moment les conclusions auxquelles nous a conduit un premier examen de la question. Supposons que les opérations militaires qui se sont succédé depuis la reprise des hostilités ont naturellement amené les armées belligérantes en plein département du Doubs, et, sans opinion préconçue, cherchons si l’Alaise séquane est bien l’Alesia dont nous venons de raconter le blocus et la reddition[2].

Lorsqu’on part du confluent du Doubs et de la Loue, et que l’on

  1. B. G., iii, 63. Nous ne parlons pas ici du grand échec essuyé par César devant cette ville, et à la suite duquel Pompée prit le titre d’imperator, mais du premier combat désavantageux livré quelques jours plus tôt, après la défection des jeunes Allobroges.
  2. Pour faciliter l’intelligence de ces deux derniers points, nous avons annexé à cet écrit le plan des environs d’Alaise et celui des environs d’Alise. Ces deux plans reproduisent, à une échelle réduite, la carte du dépôt de la guerre. Ceux qui voudront étudier la question à fond et se rendre un compte plus précis des formes du terrain feront bien de consulter cette carte même.