Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 14.djvu/713

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à l’esprit le plus pénétrant : aujourd’hui même on sait uniquement que l’apparition de ces météores coïncide avec des mouvemens particuliers des aimans ; mais on ignore en quoi consistent ces orages silencieux, à la fin desquels l’atmosphère terrestre brille, vers les régions polaires, d’une lumière qui lui est propre.

Plus on sera disposé à admettre que les forces magnétiques s’exercent principalement à la surface de la terre, plus il y aura d’intérêt à examiner de quelle manière elles se modifient à mesure qu’on s’élève dans l’atmosphère. M. de Humboldt a fait à ce sujet des observations en plusieurs points de la chaîne des Andes : il rappelle aussi celles de Kupffer sur le Caucase, de Forbes et de Quételet dans les Alpes, de MM. Laugier et Mauvais sur le Canigou, de MM. Bravais et Martins sur le Faulhorn. Leurs expériences ne permettent encore d’établir aucune conclusion définitive sur ce point délicat.

Quand Gay-Lussac fit sa célèbre ascension en ballon, on avait cru pouvoir conclure de ses observations que l’intensité magnétique est la même à 8,000 mètres de hauteur qu’à la surface de la terre ; mais on avait négligé de faire les importantes corrections qui tiennent au refroidissement des aimans à une hauteur si extraordinaire. M. de Humboldt exprime le vœu qu’on applique les aérostats à la solution définitive de ce problème. Il faut avouer que la science a tiré encore bien peu de parti de l’ingénieux appareil de Montgolfier : elle l’a abandonné aux physiciens qui amusent les foules et aux esprits malades qui ont abandonné le problème du mouvement perpétuel pour celui de la navigation aérienne.

Après avoir considéré la terre comme un aimant, il reste à l’envisager comme un foyer de chaleur. Tout le monde sait que si l’on descend à une profondeur considérable au-dessous de la surface du sol, on trouve des températures beaucoup plus élevées, qui sont indépendantes des saisons. M. Cordier, qui a réuni un grand nombre d’expériences faites dans les mines et sur les eaux de sources, a montré que l’accroissement de la température avec la profondeur n’est pas partout rigoureusement la même, mais qu’on peut en moyenne admettre que le thermomètre monte d’un degré quand on descend de 33 mètres. Il en résulte qu’à une distance assez faible on trouverait déjà des températures capables de fondre le fer et la plupart des corps que nous connaissons. L’écorce solide de notre globe a une très petite épaisseur, moindre en comparaison que celle de la coquille d’un œuf. L’instabilité de cette frêle enveloppe nous est fréquemment révélée par les tremblemens de terre, qui comptent au nombre des plus effrayantes manifestations de l’activité souterraine de notre planète. La cause en reste encore entièrement inconnue : les uns l’attribuent à l’ascension subite de vapeurs ou de laves dans des cavités souterraines rapprochées de la surface, les autres à l’irruption des eaux marines dans les profondeurs ignées du globe, d’autres enfin au tassement de massifs montagneux, formés de parties incohérentes qui s’affaissent subitement. Quelle que soit la cause de l’impulsion primitive, elle se propage en obéissant aux lois ordinaires de la mécanique, en faisant naître sur son passage des mouvemens ondulatoires de diverse nature : tantôt ils sont surtout développés dans le sens vertical, tantôt ils sont accompagnés d’un tangage et d’un roulis qui amènent les effets les plus désastreux. La force vive produite par une explosion se propage en