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terrestres, que les méridiens magnétiques des méridiens ordinaires. Aux environs de l’équateur se trouve une ligne où l’aiguille d’inclinaison reste parfaitement horizontale : c’est ce que l’on nomme l’équateur magnétique. Les observations de Humboldt lors de son voyage en Amérique, de Sabine en 1822, de Duperrey vers la même époque, du capitaine Elliott qui visita en 1846 les mers de la Sonde, de M. Rochet d’Héricourt dans son expédition en Abyssinie, ont servi à déterminer cette ligne en quelques parties ; mais M. de Humboldt insiste avec raison sur la nécessité de charger des expéditions spéciales de la mission de relever exactement tous les points de l’équateur magnétique aussi bien que les lignes de déclinaison nulle. Le réseau des lignes magnétiques n’est point stable et se déplace sensiblement pendant l’espace de quelques années : des observations faites à de longs intervalles par des explorateurs différens, disséminées dans une foule de voyages et de journaux de bord, ne peuvent être aussi utiles à la science que le seraient des études exécutées avec méthode et dans une courte période. À mesure qu’on s’éloigne de l’équateur magnétique, l’inclinaison de l’aiguille aimantée devient plus forte : sir James Ross a pu déterminer dans la zone glaciale le pôle nord magnétique, où l’aiguille se tient tout à fait verticale. Ce point est situé sous le 70e degré de latitude environ, à une très grande distance du pôle terrestre. Sir James Ross avait espéré arriver aussi au pôle sud magnétique ; mais, pas plus que Dumont d’Urville et le commodore américain Wilkes, il ne put approcher de ce point, placé dans le continent antarctique et défendu par des glaces inabordables.

Les lignes d’égale intensité magnétique ont la direction générale des parallèles terrestres, mais s’en écartent sensiblement. C’est aux environs de l’équateur que l’intensité est la moindre : auprès des pôles, elle devient à peu près deux fois plus forte ; mais les points où l’intensité est la plus forte ne tombent pas, comme on aurait pu s’y attendre, sur les pôles magnétiques. L’unité d’intensité magnétique jadis adoptée était l’intensité que M. de Humboldt avait déterminée à Cumana ; mais Gauss y substitua avec raison une unité invariable et mathématique, parce que les forces magnétiques subissent d’insensibles et de continuelles variations, dont on commence seulement à démêler les lois. Parmi ces variations, les unes embrassent un long cycle d’années, les autres sont diurnes. Chaque jour, les aiguilles de déclinaison et d’inclinaison oscillent légèrement autour de leur position normale. Quelle est la cause de ces petits mouvemens qu’on pourrait nommer les marées magnétiques par comparaison avec les marées océaniennes ? Les innombrables observations faites en diverses parties du globe sur les variations diurnes et périodiques ont déjà montré que ce phénomène est intimement lié à la rotation de la terre et à la position de notre planète par rapport au soleil : le magnétisme obéit donc à une excitation extérieure et n’a point sa source dans les profondeurs mêmes du globe. Toutes les observations modernes, si bien discutées par Sabine, justifient la pensée hardie de Kepler, qui faisait dépendre le magnétisme de la présence du soleil, et ce n’est pas seulement par la chaleur envoyée à la terre qu’il peut en entretenir le magnétisme ; il faut qu’il soit lui-même un aimant véritable, d’une extrême puissance.

M. de Humboldt avait cru autrefois qu’il existait sur la terre une ligne où