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quatre[1] ; mais les cardinaux de Volterra et Colonna se montrèrent les adversaires inflexibles de Farnèse, à cause même de son union avec le cardinal de Médicis[2]. Rapproché un moment du trône pontifical, où il ne monta que douze ans plus tard, Farnèse fut délaissé. Wolsey lui-même, après avoir été ballotté et avoir obtenu neuf voix[3], succomba à son tour, parce qu’on le déclara trop jeune, qu’on le crut disposé à faire des réformes, et qu’on craignit qu’il n’établît en Angleterre le siège de son pontificat.

On désespérait dans le conclave de nommer un pape. Le parti des vieux cardinaux ne voulait accepter aucun des candidats du parti des jeunes, et celui-ci se refusait à élire un cardinal du parti des vieux. Les exclusions étaient si décidées et si persévérantes que le 9 janvier, après quatorze jours d’infructueuses tentatives, les diverses combinaisons semblant épuisées, on regardait comme inutile d’ouvrir le scrutin. Ce jour-là, le cardinal de Médicis tenta un coup hardi. Il était fort troublé de ce qui était survenu en Italie depuis la mort de Léon X. Libres de leurs engagemens et privés désormais de leur solde, les Suisses enrôlés au service de la papauté avaient quitté la Lombardie pour retourner dans leur pays. L’état de l’église était à l’abandon. Des soulèvemens y avaient éclaté contre la cour de Rome. Tous les petits potentats que Léon X avait dépouillés de leurs possessions profitaient de l’interrègne pontifical pour les reprendre. Marie de La Rovere venait de reconquérir son duché d’Urbin et de Pesaro, qui, après la mort de Lorenzino, avait été annexé au saint-siège. Jean-Marie Varano était rentré dans Camerino, d’où il avait été précédemment expulsé. Les deux frères Malatesta et Orazio Baglioni avaient marché vers Pérouse et s’en étaient emparés. La réaction territoriale menaçait de s’étendre à Modène et à Reggio, que le duc de Ferrare revendiquait les armes à la main, et que Vitello et Guido Rangoni défendaient à la tête de quelques troupes.

  1. « Et a esté tenu pour pape, car s’il eust en encore quatre voix, il l’eust emporté. » Dépêche de Nicolas Raince à François Ier du 9 janvier, mss. Béthune, vol. 8500, fol. 95.
  2. Dépêche de l’ambassadeur de Pins à François Ier écrite de Rome le 10 janvier 1522, mss. Béthune, vol. 8500, fol. 91. — Relazione di Gradenigo, etc., dans Alberi, série 2e, vol. III, p. 73-74.
  3. Dépêche de Clerk à Wolsey écrite de Rome le 15 janvier 1522, Musée britannique, Vitellius, B, V, fol. 17. — Dans sa dépêche, Clerk prétend qu’il en eut jusqu’à douze, et même au-delà. Ibid. « On ne voit point figurer son nom dans les divers scrutins de ce conclave, tels qu’ils ont été indiqués, avec des omissions et des erreurs. On voit avec certitude, par une lettre du cardinal Campeggio, qui faisait partie du conclave, qu’il eut jusqu’à neuf voix. » Dans cette lettre, fort mutilée, Campeggio dit à Wolsey qu’il n’y a pas eu de scrutin où il n’ait eu des voix, quod non habuerit vota, et que ad octavum persœpe et nonum pervenere., — Lettre de Rome écrite le 10 janvier par Campeggio à Wolsey, Musée britannique, Vitellius, B. V, p. 10.