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sur l’histoire et sur la condition des tribus indiennes, enjoignit au ministre de la guerre de prendre les mesures nécessaires pour recueillir et publier les documens qui seraient de nature à l’éclairer. On forma aussitôt une commission composée des personnes les plus compétentes dans cette question. Elle fut présidée par un savant expérimenté, M. Henry Schoolcraft, que les circonstances de toute sa vie avaient préparé à ce rôle difficile. Attaché dès sa jeunesse au bureau des affaires indiennes, M. Schoolcraft s’y était élevé par son mérite aux postes les plus importans. Ses auxiliaires furent les employés de ce bureau, qui étaient, comme lui, familiarisés depuis longtemps avec les dialectes et les usages des tribus indiennes. Des missionnaires, des érudits, lui prêtèrent aussi leur concours. Trente programmes, comprenant chacun plusieurs milliers de questions, traçaient le plan de l’enquête. L’histoire, l’astronomie, les antiquités, la religion, tels étaient les sujets qui devaient provoquer une première série de recherches. Les mœurs, les institutions, l’état intellectuel, ouvraient ensuite aux travaux des explorateurs une autre direction. Enfin la commission devait s’attacher à un troisième ordre de renseignemens d’un intérêt plus direct pour les États-Unis. Cette partie des instructions données à la commission d’enquête était inspirée par le côté pratique du génie américain et par son dessein bien légitime de s’insinuer à tout prix dans l’intimité des tribus, afin de les gagner à la civilisation et de se les incorporer.

L’enquête ordonnée en mars 1847 se continua pendant trois ans et demi, et fut terminée en juillet 1850. Les renseignemens que le président de la commission, M. Henri Schoolcraft, fut alors à même de publier, remplirent trois volumes in-folio de six à sept cents pages chacun. Par la curiosité et l’étendue des documens, par le luxe de l’exécution matérielle, cette publication est un éclatant témoignage de l’importance qu’attachait le gouvernement de l’Union à connaître les origines de la société américaine. C’est cet important travail que nous allons essayer de résumer ici.


Quels sont d’abord les élémens de la population indienne, et quelles limites territoriales peut-on lui fixer ? Depuis l’adjonction des quatre états du Texas, de l’Utah, du Nouveau-Mexique et de la Californie, les tribus indiennes sont, dans l’Amérique du Nord, au nombre de cent quarante. Subdivisées chacune en plusieurs clans, elles vivent éparses sur un immense territoire entre les rives du Missouri et les montagnes du Texas, entre le lac Michigan et les deux Californies. La fertile vallée du Mississipi est leur centre naturel ; comme elles ne peuvent pas toutes s’y établir, elles s’en écartent ou s’en rapprochent par des fluctuations perpétuelles. Elles se divisent en sept classes, d’après les sept idiomes auxquels on peut ramener leurs innombrables dialectes : ce sont les Appallachians, les Achalaques, les Chicoréans, les Iroquois, les Dacotahs, les Shoshones, les Algonquins.

Les Appallachians sont au sud. Ils touchent presque aux embouchures du Mississipi, et au territoire de la Nouvelle-Orléans. La Floride est leur patrie d’origine. C’est là que Pamphilio Narvaez les découvrit en 1527. Ils ne se sont éloignés de la Floride qu’à regret, par la force des armes. Ils connaissaient une façon de cultiver le maïs qui était fort grossière, et une espèce