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accord dès le début des conférences. Ceux-ci présentaient comme des actes d’hostilité de la part du roi de France l’agression de Robert de La Marck, qu’il avait provoquée, et l’entreprise du seigneur de Lesparre, qu’il avait appuyée ; ils réclamaient de plus, au nom de leur maître, la restitution du duché de Bourgogne et l’abolition de l’hommage féodal pour la Flandre. Ceux-là demandaient l’exécution du traité de Noyon, qui n’avait été observé dans aucune de ses clauses. Ils niaient que le roi très chrétien eût encouragé l’expédition de Robert de La Marck, et ils soutenaient que la Navarre avait été justement revendiquée les armes à la main par Henri d’Albret, que le roi catholique s’était engagé à satisfaire dans les huit premiers mois de son séjour en Espagne, et qu’il avait laissé plus de quatre ans sans lui accorder aucune satisfaction[1].

Ne pouvant concilier des prétentions si contraires, Wolsey proposa une suspension d’armes momentanée. Les plénipotentiaires de Charles-Quint la refusèrent, afin de ménager au cardinal l’occasion de s’aboucher directement avec l’empereur. Wolsey déclara en effet aux commissaires de François Ier qu’il avait besoin de voir l’empereur pour lui faire accepter ce que rejetaient ses ministres. Charles-Quint, très désireux de cette entrevue, pressait le fourbe cardinal d’accourir vers lui, parce qu’il avait hâte de se mettre à la tête de son armée. « Nous ferons plus en un jour, lui écrivait-il, vous et moi, que ne feroient mes ambassadeurs en un mois[2]. » Il ne voulait pas laisser passer la saison d’agir, tandis qu’il avait la supériorité des forces et l’avantage des armes[3]. La mort récente de Chièvres avait laissé à sa disposition la somme énorme de 800,000 ducats d’or[4], qui avaient été le fruit dangereux des exactions, et qui allaient servir d’utile aliment à la guerre. Dans son impatience belliqueuse, Charles-Quint se montrait surpris des retards du cardinal d’York, et il ajoutait : « Je croyois fermement, comme vous l’aviez promis, que, sous couleur de pourchasser la trêve vers moi, vous viendriez incontinent pour conclure tous nos traités[5]. »

  1. Sur la conférence de Calais : rapport adressé à l’archiduchesse Marguerite, mss. Béthune, vol. 8,478, de 147 feuilles ; dépêches des commissaires de François, qui sont dans les volumes 8,491, 8,492, 8,500, des mss. Béthune, du août 1521 au 21 novembre ; pièces insérées dans le t. II des Négociations diplomatiques, etc., publiées par M. Leglay, p. 483 à 588 ; lettres déposées au Mus. britan. Galba B. VI et VII, ou publiées dans le premier volume du State Papers.
  2. Lettre de Charles-Quint à Wolsey, de Bruges, le 7 août. Mus. brit. Galba, B. VII, fol. 95.
  3. Il lui disait : « Je vous monstreray mon armée par laquelle cognoistrez que je n’ay vouloir de dormir à l’ayde de Dieu et de mes bons amis. » Ibid.
  4. Lettre de Th. Spynelly à Wolsey, de juillet 1521. State Papers, t. VI, p. 79.
  5. Lettre du 9 août, dans laquelle il insiste encore davantage sur la nécessité de se voir pour mieux s’entendre. Mus. brit. Galba, B. VI, fol. 196.