Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 14.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

traité. Charles s’y engageait à ne faire, pendant un délai de deux ans, aucune convention de mariage avec le roi de France. Il y était en outre stipulé que le roi d’Angleterre et l’empereur traiteraient un peu plus tard des choses dont ils s’étaient déjà entretenus, et qu’ils régleraient alors tout ce qui pourrait être utile à leurs intérêts, honneur et sûreté[1]. François Ier conçut, et non sans raison, de grandes inquiétudes sur l’objet et le résultat de ces secondes conférences, qui suivaient de si près son entrevue avec Henri VIII. Celui-ci préférait l’alliance de l’empereur. Toutefois, n’étant encore ni prêt ni disposé à la guerre, il se crut obligé de rassurer François Ier; mais ce qu’il lui communiqua pour diminuer ses soupçons était bien propre à exciter ses craintes. Il lui fit dire par ses ambassadeurs que l’empereur avait cherché à rompre le mariage de la princesse Marie avec le dauphin, en proposant de l’épouser lui-même, mais que sa tentative avait été repoussée. Les ambassadeurs d’Angleterre avaient ordre d’ajouter que l’empereur n’avait pas mieux réussi en pressant, avec de vives instances, le roi leur maître de se joindre à lui pour recouvrer les droits qu’il avait à la couronne de France, pour arracher de force le Milanais au roi très chrétien, et pour l’aider lui-même à aller prendre la couronne impériale en Italie[2]. Ce qu’il prétendait avoir refusé en ce moment, Henri VIII devait l’accepter bientôt, quoiqu’il affirmât qu’il resterait un fidèle allié de François Ier tant que François Ier serait lui-même un exact observateur des traités; mais en lui dévoilant les propositions alarmantes de l’empereur, qui voulait l’expulser de la Lombardie, le déposséder même de la France, et obtenir la princesse royale d’Angleterre, promise au dauphin, il ajoutait à ses ressentimens, et il précipita ses projets.


V.

Aussi impatient qu’irrité, François Ier crut le moment très favorable pour assaillir en même temps au-delà des Pyrénées, dans le royaume de Naples, sur le territoire des Pays-Bas, Charles-Quint, qui, après avoir négocié avec Henri VIII, s’était fait couronner à Aix-la-Chapelle, et de là s’était transporté dans une ville épiscopale des bords du Rhin, où il avait convoqué la diète constituante de Worms. L’insurrection des comuneros devenue très dangereuse

  1. Musée britannique, Vespas., C. I, fol. 307, 308, 14 juillet 1820.
  2. « Henry’s instructions to sir Rich. Wyngfeld and sir R. Jernyngham, to be declared unto his dearest brother, confederate and compeer, the french king. » Musée britannique, Calig., D. 8, p. 5, et dans Bréquigny, Bibliothèque impériale, vol. 87. Voyez aussi les instructions de Henri VIII à Fitzwilliam dans Bréquigny, vol. 88.