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HERMANN.


Héros et demi-dieux dont l’histoire est le temple,
Honneur des anciens jours qu’enfant je poursuivais,
Vous offrez vainement la lumière et l’exemple
A qui respire encor l’air de ce temps mauvais.

La vertu n’a plus d’aile et de sainte folie;
Tout conspire à courber, à briser l’homme fier;
Le destin est complice, et sous sa main de fer,
Devant toute bassesse, il faut qu’on s’humilie.

Le beau s’est retiré de tout,... même du bien!
Oh! dites-moi, l’esprit que votre amour élève.
Qui vit de votre culte, et n’aspire à plus rien
Qu’à rester digne encor de vous et de son rêve.

Par où doit-il marcher dans cette épaisse nuit?
Tous les chemins frayés nous mènent à l’abîme.
Toi dont le livre ardent m’exhorte et me conduit.
Parle! un dernier conseil, poète magnanime!

Car de tous ces grands morts les cœurs te sont ouverts.
Tu sais à quel foyer s’alluma leur courage;
Leur voix grandit encore en prenant ton langage;
Leur âme et leurs vertus ont passé dans tes vers.

Réponds ! quand chacun tremble et détourne la tête,
Près du juste ébranlé par les derniers adieux,
Et qui marche au combat, certain de sa défaite.
Comment payer sa dette à l’honneur des aïeux?

LE POÈTE.


« Faites votre devoir, et laissez faire aux dieux. »

UNE AME.


Tu le sais bien! il est sous le chaume et dans l’herbe
Des fleurs et des vertus sans nom chez les humains.
Mais qu’à l’égal du chêne et du laurier superbe
Dieu chérit dans son cœur et pèse dans ses mains.

Il est, près du foyer, des travaux magnanimes,
Des luttes corps à corps avec la passion.
D’invisibles combats, des victoires intimes,
Assez beaux pour suffire à tes ambitions.