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Qu’a-t-elle donc fait, et que lui reste-t-il à faire, non pas seulement pour maintenir et fortifier les résultats acquis en ce qu’ils présentent de sain et de fécond, mais encore pour les développer en corrigeant ce qu’ils offrent de défectueux et de transitoire ? C’est ce qu’il faut rechercher en traitant de la question de l’immigration.


II

On évalue généralement à un tiers pour les Antilles la réduction qui s’est produite, quant à la grande culture, dans le travail africain émancipé. La proportion paraît être beaucoup plus forte pour la Réunion. Cette situation étant donnée, le problème consiste aujourd’hui à trouver au dehors et à rendre au sol colonial, tout en respectant la liberté, la somme de forces que la liberté lui a fait perdre.

La question de l’immigration des travailleurs dans les colonies européennes est une des plus intéressantes que les gouvernemens aient dû examiner depuis quelque temps. Elle est en effet une de celles qui réclament le plus directement l’intervention administrative, tant à cause des intérêts d’ordre public et d’humanité qui s’y trouvent engagés que par des difficultés d’exécution presque inabordables pour les seules forces de l’industrie privée. Aussitôt après l’abolition de l’esclavage dans ses colonies, l’Angleterre tourna ses vues de ce côté, et les nombreux documens administratifs qu’elle a publiés sur l’organisation du travail libre constatent l’attention qu’ont donnée à ce grand problème ses hommes politiques les plus considérables ; mais pour des raisons qu’il serait trop long d’indiquer ici, la question n’était pas mûre pour elle, et Maurice excepté, le travail agricole n’a pu encore, dans les colonies anglaises, revenir à son niveau normal. En France, dès 1849, cette question vitale préoccupa le département de la mariné, et nous croyons savoir que celui de la guerre, chargé de mener à bonne fin une des plus belles tentatives de colonisation, s’occupe en ce moment même de s’assurer le concours de l’immigration asiatique[1].

Il est aujourd’hui démontré par la pratique que trois sources principales d’immigration peuvent fournir au travail colonial les bras qui lui manquent : — l’Afrique orientale et occidentale, — la Chine, — l’Inde anglaise.

Il y a peu de chose à dire de l’immigration chinoise, parce que cette partie du sujet n’est encore qu’à l’état d’étude en France. Il suffit de constater que l’administration des colonies, qui veut se

  1. Voyez l’Organisation d’un établissement colonial en Algérie suivant le système pratiqué dans les colonies, par M. Malavois, ancien colon et armateur.