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présentés ; il y a notamment une révision générale des tarifs de douane, qui est un pas dans la voie de la liberté commerciale, une organisation nouvelle de l’armée de terre, un projet de réforme et d’agrandissement de la flotte de guerre, un plan complet pour la fortification du pays, plan dont l’exécution commencera par l’achèvement des travaux de défense de Copenhague du côté de la mer. Tous ces travaux ne pourront être conduits à bonne fin sans créer dans le budget un déficit qu’on ne pourra couvrir que par un nouvel impôt général, ou par un accroissement des contributions particulières des diverses provinces de la monarchie. Dès que ces mesures ont été présentées, quelques-uns des membres holsteinois ont fait à l’assemblée une proposition assez singulière, tendant à demander au roi de retirer ou d’ajourner tous les projets de loi touchant aux intérêts communs de la monarchie, et de restreindre les travaux du conseil actuel aux affaires courantes telles que le vote du budget.

L’intention de cette proposition était facile à saisir. D’abord on évitait la réforme des tarifs douaniers, qui a des adversaires aussi ardens qu’intéressés parmi les commerçans et parmi les industriels ; en outre on mettait le gouvernement dans une situation telle que, s’il acceptait cet ajournement, il avait l’air de se défier de ses projets, et il paraissait mettre lui-même en interdit la constitution commune, passant ainsi condamnation sur toutes les accusations dont il est l’objet. Le gouvernement danois a dû nécessairement déjouer ce subterfuge, et la motion a été écartée ; mais alors le Hanovre s’est emparé de cette idée, et à son tour il a proposé à la diète de Francfort de réclamer du Danemark une mesure semblable à celle que demandaient les représentans holsteinois ; cette proposition cependant ne semble pas avoir beaucoup de succès. Il reste toujours les résolutions générales qui viennent d’être adoptées et qui vont être envoyées à Copenhague. Tel est donc l’état actuel de ce conflit, qui ne fait que s’aggraver par sa durée même. Dans la position difficile et embarrassante où il est placé, le Danemark ne peut évidemment jusqu’ici que se tenir sur la défensive. Il demande tout au moins qu’on précise les griefs, qu’on lui prouve que la constitution commune enfreint effectivement les droits légitimes des Holsteinois, que l’existence de l’organisation actuelle empêche le Holstein de remplir ses devoirs envers la confédération germanique. S’il en est ainsi, le gouvernement danois procédera aux changemens nécessaires, il ne refusera pas de rectifier sa politique en faisant au Holstein une position à part dans la monarchie. Tant que ces preuves ne se sont pas explicitement produites, tant que les plaintes gardent le caractère d’une guerre générale et vague dirigée contre les institutions danoises, sans que rien soit spécifié, que peut faire le Danemark ? Si à la faveur d’une confusion de mots on demande pour les duchés une entière parité avec le royaume du Danemark dans la représentation commune, ce n’est plus une position d’égalité qu’on réclame, c’est une position privilégiée. Le malheur est que cette question s’est trouvée dès l’origine obscurcie et compliquée par toutes les passions contraires. Le plus sage aujourd’hui serait de chercher à la ramener à des termes plus simples par l’examen impartial des griefs des duchés, qui peuvent être réels sous quelques rapports, et des droits de la souveraineté de la couronne danoise, qui ne peuvent être mis en doute. C’est à cette œuvre conciliatrice que les gou-