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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


14 février 1858.

Depuis que ce triste et funeste crime du mois dernier est venu jeter dans la politique intérieure de la France une diversion aussi cruelle qu’imprévue, la force des choses a dû nécessairement créer une halte, un moment d’incertitude et d’attente, pendant lequel les impressions les plus diverses ont pu se succéder. Ces impressions se sont succédé en effet. Les esprits attentifs ont eu le temps de se demander ce qu’était ce sinistre coup de main, d’où il venait, quelles circonstances nouvelles il faisait naître, et quelles conséquences il pourrait avoir. Pour le crime lui-même, il est sous le sceau des informations judiciaires, et il ne se dévoilera dans tous ses détails que lorsque la justice aura accompli son œuvre. Quant à ce qui est particulièrement politique en de telles conjonctures, le gouvernement seul, maître de ses intentions et de sa pensée, pouvait éclaircir tous les doutes. Plusieurs questions s’élevaient à la fois, les unes intérieures, les autres extérieures. Depuis quelques jours, on a vu ces différentes questions se développer parallèlement et se traduire en actes publics. Or ces actes sont les élémens mêmes de la situation actuelle, et ne font qu’exprimer une même pensée, étendue aux diverses parties de l’organisation politique et administrative.

Rien n’est plus facile aujourd’hui, à ce qu’il semble, que de suivre cette pensée du gouvernement dans le cercle de ses applications successives. C’est de cet ordre d’Idées que procèdent la désignation publique de l’impératrice comme régente éventuelle, l’institution d’un conseil privé qui se transformerait en conseil de régence par le fait même de l’avènement de l’empereur mineur, la nouvelle répartition militaire de la France en cinq grands commandemens qui doivent être exercés par des maréchaux. Dans le conseil privé, constitué dès ce moment, se trouvent les présidens des trois grands corps publics, le cardinal archevêque de Paris, le maréchal duc de Malakof, le ministre d’état, M. de Persigny. Si ces résolutions ont pour objet visible d’assurer à tout événement l’organisation supérieure et la permanence du