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force physique correspond à la structure de leurs membres puissans et musculeux. Qu’on attribue ce changement à l’évolution des siècles, à un degré plus élevé de culture morale ou à toute autre cause, ces Celtes modernes ont, toute proportion gardée, le crâne plus volumineux et mieux construit que celui de leurs ancêtres. On y distingue néanmoins les traits de la race ; ils ont la tête un peu allongée, le front étroit, le sourcil bas, droit et épais, les cheveux en broussaille, les yeux d’une couleur claire, la bouche large, le menton relevé ; le contour général de la figure est anguleux et l’expression hardie. Leurs mœurs sont simples, hospitalières, douces au fond sous des dehors farouches. La boisson favorite des highlanders est le whisky, qu’ils appellent la rosée de la montagne. À ces rudes Calédoniens, il est bon de comparer un autre rameau de la même race, plus remarquable encore par le développement des formes athlétiques : je parle des paysans irlandais de Connemara. Là, dans un site pittoresque, mais d’un style moins sublime, au milieu de lacs, de tourbières, de montagnes nues, de ponts jetés sur des abîmes, nous trouverons la femme celtique avec des traits qui gardent l’empreinte de la vigueur originelle. Le costume est particulier : un jupon rouge, un manteau ou une couverture bleue ramenée sur la tête, qui se trouve entièrement cachée, à l’exception de la figure. Trop souvent, il faut le dire, ces habits ne sont que des haillons. Ces femmes ont en général les cheveux noirs et les yeux bruns ; elles se distinguent par leur grande taille, leurs membres robustes, leur physionomie ouverte, non sans un air de grâce demi-sauvage et négligée. De jeunes filles d’une beauté inculte, les cheveux répandus sur les épaules, dans un parfait état de nature, découvrent en marchant des pieds nus et des chevilles bien nouées. De cruelles famines, la maladie des pommes de terre, ont décimé cette population ; mais il est curieux de voir avec quelle énergie le type résiste aux causes de dégradation physique. Les habitans de la contrée de Joyce forment encore une race de géans ; le malheur des temps a peut-être altéré la génération présente, mais il n’a point effacé les caractères patagoniens de ces anciens Celtes. Il en est de la puissance naturelle du sang comme de cette cascade qu’on rencontre sur la route entre Manea et Onterard : de secs étés, de durs hivers peuvent suspendre la chute majestueuse des eaux entre les rochers brisés ; mais viennent des jours meilleurs, et le courant reprend au milieu des précipices un air de beauté abrupte et grandiose.

La vieille race celtique a laissé dans la Grande-Bretagne un autre