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démontre un mouvement dans la production et un progrès dans la prospérité publique. Ces impôts, qui s’élevaient en chiffres ronds à 578 millions en 1835 ; 590 en 1836, et 616 en 1837, montent à 852 en 1854, 958 en 1855, atteignent 1 milliard 26 millions en 1856 sous l’empire de la loi du 4 juillet 1855, et s’élèveront à 1 milliard 59 millions en 1857. Pour rendre plus convaincante la preuve qui ressort de cet accroissement si considérable, il suffit de se rappeler à quel point il a coïncidé avec le réveil de l’activité industrielle, comprimée pendant les années qui ont suivi la révolution de février.

Le relevé des opérations de la Banque de France peut donner aussi une idée de cette activité et offrir un nouveau point de comparaison, mais ai le développement des escomptes représente assez bien ce mouvement commercial, il ne faut point oublier que les affaires subissent des crises périodiques et passent par des alternatives de développement exagéré et de restrictions nécessaires dont le retour se constate invariablement. Lorsque les transactions se multiplient plus que de raison les escomptes s’accroissent pendant la brise, et comme signe du déclin de la crise même les escomptés diminuent Pour comparer deux périodes entre elles, il faut donc que ces périodes trouvent les affaires dans une situation semblable, et que l’une par exemple ; temps de spéculation hardie et non encore défavorable, ne corresponde pas à un de ces momens de liquidation désastreuse et forcée. On a remarqué que l’escompte suit une marche régulièrement ascensionnelle pendant un certain nombre d’années de six à sept ordinairement, pour arriver à un chiffre triplé ou quadruplé de celui qu’il avait au point de départ ; il reste ensuite stagnant pendant une année ou deus, atteint un chiffre énorme au moment de la crise, et retombe brusquement à son premier niveau. De 1832 à 1847 par exemple, l’escompte s’élève de 150 millions à 445 en 1835, reste stationnaire entre 700 millions et 1 milliard jusqu’en 1845, s’élève à 1,300 millions en 1847, année de crise, et retombe en 1849 à 256. De 1849 à 1857, on voit également l’escompte s’élever de 256 millions, avec la reprise des affaires, jusqu’à 900 millions en 1853, rester stationnaire de 1 milliard à 1,100 millions jusqu’en 1856, et atteindre alors à Paris seulement le chiffre de 1,817 millions lorsque la crise commence ; en 1857, le total, on peut le dire aura été plus élevé. M. Clément Inglar a relevé dans le Journal des Économistes le tableau de ces crises depuis l’origine de la Banque de France jusqu’à nos jours ; mais sous ces phases successives, qui modifient par une loi constante la situation de l’escompte, on peut suivre à la fois un autre mouvement ascensionnel qui justifie notre thèse. Ainsi, tandis que du point de départ au point d’arrivée la marche ascendante et descendante est à peu près la même dans les diverses périodes, le point de départ et le point