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examiner les progrès de la spéculation, toutefois, comme ce sont, à coup sûr, les vingt années dernières qui ont vu naître les plus notables progrès dans l’industrie, on pourrait en tirer un argument de quelque valeur pour opposer la première période à la seconde, et montrer que l’industrie a marché d’un pas au moins égal à la spéculation. Il est permis néanmoins d’appuyer cette prétention par d’autres données plus positives, plus spéciales, et d’établir indirectement, de 1835 à 1856, les progrès de l’industrie française, dont il n’est pas possible de tracer le tableau avec précision.

Les chiffres du commerce extérieur apprennent exactement tout ce qui concerne l’industrie nationale dans ses rapports avec l’étranger, et cette moitié du problème peut se trouver aisément résolue. Il importe toutefois d’observer que, pour faire entre deux époques Une comparaison exacte, les prix des objets doivent être les mêmes ou rapportés à un type commun ; il faut en outre que les bases de la législation douanière n’aient pas varié. Pour obvier au premier inconvénient, l’administration publie les prix dits officiels et les prix actuels. Quant aux modifications douanières, il est bien difficile de déterminer quelle influence les réformes récemment introduites ont pu exercer sur les opérations commerciales avec l’étranger ; celles-ci se trouvant bien autrement dominées par les mouvemens politiques et les variations des récoltes. Ces réserves une fois faites, voyons les chiffres.

En 1836, le commerce général s’élève à 1,867 millions dont 906 pour l’importation, et 961 pour l’exportation ; 1837 donne 1,566 millions, dont 808 à l’importation, 758 à l’exportation seulement. Le commerce général s’élève en 1855 à 3,979 millions, et en 1856 à 4,587 millions, chiffres officiels, dont 2,267 pour l’importation, et 2,320 pour l’exportation. Calculée d’après le taux des valeurs actuelles, la totalité de nos échanges représente une valeur de 5,399 millions. C’est, comme on le voit, entre les deux périodes une augmentation de 1 à 4 d’après les prix officiels ; de 1 à 5 aux prix actuels. Ces résultats ont leur éloquence, et doivent satisfaire tous ceux qui se préoccupent des progrès de notre industrie et de la balance de notre commerce extérieur. Dans nos relations avec le dehors, le mouvement est notoire, et l’on peut dire avec exactitude que non-seulement en vingt ans il a quadruplé, mais qu’il s’est surtout accru dans la dernière période de ces vingt années elles-mêmes.

Quant à ce qui concerne le mouvement des affaires à l’intérieur, ce qui intéresse plus particulièrement la prospérité du pays, on peut en déduire l’importance de diverses manières. Avant tout le chiffre des impôts et revenus indirects est le thermomètre qu’il importe de consulter : accusant un accroissement dans la consommation, il