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mort violente et accidentelle dans les 2,600 houillères de la Grande-Bretagne : ainsi chaque million de tonnes de charbon y a coûté 15 vies humaines. En 1854, pour cinq des six districts entre lesquels est maintenant partagé le royaume-uni au point de vue de cette surveillance administrative on comptait 893 morts d’ouvriers, dont 321 dues à des éboulemens, 231 dues à des accidens de puits (rupture du câble, etc.), 192 occasionnées par des explosions de grisou, et 148 attribuées à diverses causes. Le nombre total des morts était d’ailleurs de 1,045 pour les six districts. « Un houilleur nous disait, écrit l’auteur de l’article du British Quarterly Review, que, pour une cause quelconque, un ouvrier pouvait être bien sûr d’être sacrifié à 40 ou 45 ans. En examinant quelques centaines de jeunes mineurs, nous avons découvert qu’un petit nombre seulement avaient échappé à toute espèce d’accidens. De jeunes garçons basaient toute leur chronologie sur les dates mêmes des accidens dont ils avaient été victimes. »

En Belgique, les comptes-rendus publiés par le ministère des travaux publics donnent avec un véritable luxe la statistique des accidens de mines ; chaque fait y est, depuis une trentaine d’années, l’objet d’une analyse détaillée et méthodique ; je me bornerai à considérer l’année 1850, choisie par l’administration française pour un travail analogue. Les seules houillères de ce petit royaume occupaient alors à l’intérieur 36,430 ouvriers, parmi lesquels on compte 3,495 femmes, dont 1,221 âgées de moins de seize ans. Les accidens sont au nombre de 156, et ont fait 270 victimes ; près de la moitié (84) des morts sont dues au grisou, 46 mineurs ont été tués par des éboulemens, 24 par des ruptures de machines, câbles, engins, etc., 18 par les chutes dans les puits, 3 par des asphyxies, etc. Si la Belgique nous est, quant au nombre des morts, très supérieure, elle nous est très inférieure, on va le voir, quant au nombre des blessés, ce qui tendrait à faire croire que ce dernier relevé a été fait avec plus d’exactitude par notre administration. Il est bien entendu d’ailleurs que la Grande-Bretagne occupe le premier rang dans la funèbre statistique : produire vite et beaucoup, telle semble être en Angleterre la devise de cette industrie comme de toute autre, et les travaux souterrains y sont menés avec peu de prudence.

Le dernier résumé statistique de l’administration des mines de France ne donne que pour 1850 le tableau général des accidens survenus dans les exploitations minérales de toute nature ; mais quelques chiffres insérés dans le rapport du ministre des travaux publics à l’empereur, qui se trouve en tête de la publication officielle, permettent en outre de comparer cette année aux années 1842 et